encrejournal |
Étudiant/chercheur : Delcarme BOLIVARD
Université :
Madison International Institute & Business School (MIIBS)/
Université Libre d’Haïti (ULH)
L’instabilité socio-politique
et les crises institutionnelles qu’a connues Haïti au cours de événements de
2004 jusqu’au 2014 avaient redu l’économie de ce pays très vulnérable et
dépendante en grande valeur de l’international. En termes de structure, l’économie d’Haïti est
caractérisée par l'importance du secteur agricole. Cependant, durant les
quinze dernières années, la part de ce secteur a toutefois diminué. Alors qu'elle
se situait à 31,5 pour cent de la valeur ajoutée en 1997, aujourd'hui elle ne
représente plus que 24,5 pour cent de cette valeur[1].
Pour mieux
aborder cette situation, il nous faut la situer dans un contexte
pré-tremblement de terre du 12 Janvier 2010 où 80% de la population haïtienne
vivait en dessous du seuil de pauvreté avec mois de deux (2) dollars américains
par jour. Les droits à l’alimentation, au travail, à la santé et à l’éducation
de la population étaient chaque jour foulés au pied. L’environnement du pays
s’est dégradé avec les multiples intempéries, dont : les inondations, les
glissements de terrain, notamment en 2004 et en 2008 où plusieurs milliers de
personnes ont perdu la vie.
Beaucoup
d’indicateurs présentent la situation de pauvreté à Haïti, tels :
l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de cinq (5), l’accessibilité
aux soins de santé, la mortalité infantile et post-infantile, la mortalité
maternelle, le taux de séro-posivité au VIH, etc[2].
L’ensemble de ces faibles niveaux d’indicateurs, montre que les conditions de
vie de la population sont encore précaire, exemple : espérance de vie à la
naissance demeure faible (54 ans) et le ratio calorique moyenne qui était
estimée à 1788 calories/jour par personne avait régressé pour se situer autour
de 1750 calories[3].
L’économie
d’Haïti dépend en grande partie de l’aide internationale et cette dépendance ne
fait que paralyser le développement de ce pays.
Une économie de subsistance marquée par des inégalités
criantes
La majorité de la population haïtienne vit dans la
pauvreté. 60% des habitants perçoivent l’équivalent de moins de deux dollars
américains par Le taux de chômage
atteint 60 à 70 %, plus de 44 % de la
population souffre de malnutrition en Haïti[5].
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF),
60 % de la population, principalement en milieu rural, n’a pas accès aux soins
de santé de base[6].
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, l’espérance de vie à la naissance en
Haïti était de 63 ans en 2011[7].
Le taux de mortalité́ infantile en 2011 était de 70 pour 1 000 naissances et le
taux de mortalité́ maternelle était de 350 pour 100 000 naissances vivantes.
Les dépenses du Gouvernement en matière de santé par habitant ont presque
doublé entre 2008 et 2010, mais ne dépassent pas les 10 % du budget de l’État.
Vu la précarité des ressources économiques de la majorité de la population, il
n’est pas étonnant que «la médecine traditionnelle joue un rôle important, car,
elle constitue le premier recours pour près de 80 pour cent de la population en
raison de son faible coût et de sa proximité́». Cette situation s’est aggravée
avec l’épidémie de choléra.
D’après les Nations Unies en septembre 2013: «Au moment
où le Président Michel Martelly accédait à la présidence, 76 % de la population
haïtienne vivait en situation de pauvreté, 56 % dans la pauvreté extrême. Cela,
dans un contexte de forte inégalité sociale»[8].
Cette inégalité a été analysée par le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) dans son rapport sur le développement humain 201312, selon
lequel Haïti a l’un des plus bas indices de développement humain (IDH) au
monde, avec 0,456 pour l’année 2012. Haïti se situe au 161e rang sur les 187
pays inclus. Quand cet indice est ajusté selon les inégalités affectant les
plus pauvres, privés de santé, d’éducation et de dignité, l’indice descend à
0,273. Et si l’on considère l’inégalité spécifique entre les hommes et les
femmes, Haïti est placé au 127e rang sur 148 pays pour l’année 2012. Pour mieux
comprendre ce que signifient ces indices d’inégalité, il convient d’examiner
les explications du PNUD à ce propos: L’IDH d’Haïti pour 2012, de 0,456, «est
au-dessous de la moyenne de 0,466 pour le groupe des pays à faible
développement humain, et encore plus au-dessous de la moyenne de 0,741 pour les
pays d’Amérique latine et des Caraïbes».
Haïti a un Indice
d’inégalité de genre de 0,592, qui place le pays au 127e rang parmi 148 pays
pour 2012 […]. En Haïti, 4 pour cent des sièges parlementaires sont attribués
aux femmes, et 22,5 pour cent de femmes adultes ont atteint un niveau
d’éducation secondaire ou supérieure en comparaison avec 36,3 pour cent de
leurs homologues masculins. Pour chaque 100 000 accouchements, 350 femmes
meurent; et le taux de fertilité adolescente est de 41,3 naissances pour 1 000
naissances. La participation féminine au marché de travail est de 60,1 pour
cent en comparaison avec 70,6 pour les hommes»[9]
Une économie reposant sur les importations et l’aide
internationale
Les
importations demeurent la principale composante de l’offre du pays, cependant
elles sont, incapables de répondre aux besoins alimentaires de sa population.
Entre 2003 et 2005, la production nationale a compté en moyenne pour 43.09% des
disponibilités alimentaires, alors que les importations alimentaires se sont
maintenues à hauteur de 50.58%.
En 2012, les secteurs de l'agriculture, de
la sylviculture et de la pêche représentaient 25 % du PIB, mais recevaient la
plus faible part du crédit bancaire, 0,16 %2. Pour les dépenses de capital
financées sur fonds locaux et exécutées dans le cadre du programme
d’investissement public, 5,3 % sont allés au Ministère de l'Agriculture en 2012.
Le secteur agricole qui reste - avec un poids de 99 % - le pilier du secteur
primaire est très vulnérable par rapport aux aléas climatiques[10].
Ceci est non seulement dû au manque d'entretien des quelques infrastructures
d'irrigation et de drainage, mais également au grand manque de ce genre
d'infrastructures à travers le pays.
Le gouvernement mise à 100 % sur le
tourisme, sur l’investissement dans la sous-traitance et dans l'agro-industrie,
et sur le secteur des ressources naturelles. Ce dernier n'est pas géré de façon
transparente (mines). Ces activités augmentent la dépendance du pays face à l'étranger et imposent un modèle de
développement dominé par ce dernier. Ces trois secteurs ne peuvent absorber le
chômage massif. La population rurale et ses activités liées aux petites
exploitations agricoles reste le secteur le plus important, mais est démunie,
sans des politiques publiques qui la soutiennent (crédit, services publiques,
assurances,…)[11].
La transformation de fruits doit être
appuyée comme filière économique. On est encore loin d’arriver à transformer
l'ensemble des fruits et beaucoup pourrissent à terre alors qu'il existe une
importante insécurité alimentaire. Les petits ateliers de transformation
existent mais font face aux problèmes de fonds de roulement pour mener à bien
ces activités.
Le tourisme est une des importantes clés
pour sortir le pays du marasme économique, mais il faut qu'il intègre les
communautés. Les projets de tourisme existants sont exclusifs et visent un
tourisme de luxe. Concernant la sous-traitance on constate que le secteur ouvrier est marginalisé, mal
payé, qu'il travaille dans des mauvaises conditions, qu'il existe d'importantes
répressions syndicales dans les usines, des révocations arbitraires et des abus
sexuels sur les femmes.
Donc, La libéralisation commerciale du pays à
partir de l’année 1980, en exposant subitement la production nationale à la
concurrence étrangère, a contribué à transformer la structure de l’économie au
profit du secteur commercial et au détriment des activités productives. Depuis,
la prédominance des importations, qui en 2012 représentent 48 % du PIB contre
13 % pour les exportations85, reflète une constante de l’économie haïtienne, à
savoir le déficit structurel de la balance commerciale et la dépendance aux
transferts externes, publics et privés, destinés à son financement[12].
Cette étude qui s’étend de 2004 à 2014 sur la question de
la présence de la MINUSTAH relative aux problèmes de l’instabilité politique et
de la pauvreté en Haïti, nous laisse comprendre que l’international ne peut
rien apporter de sérieux dans cette situation. Au contraire, la MINUSTAH qui
devrait protéger les droits de l’homme en Haïti, promouvoir le développement
par la sécurité et la stabilité socio-politique, ne fait qu’empirer la
situation par des actes de violation des droits de l’homme.
Nous avons constaté dans notre travail de recherche que
les agences onusiennes qui prétendent capables de résoudre le problème de la
pauvreté haïtienne, sont extrêmement loin de leurs visions puisqu’à 11 ans de
la présence des forces onusiennes dans le pays, la population continue de
patauger dans la misère et dans l’instabilité politique. Le denier rapport sur
le développement humain réalisé par IDH et le PNUD, montre à claire la pauvreté
du peuple haïtien en dépit de fortes sommes d’agent investi. De-là, nous
comprenons que les dépenses ne sont pas effectuées en faveur du peuple haïtien.
Tandis que, des organismes internationaux s’imposent sans rien offrir de
sérieux et de spécial à Haïti où le système économique est en perpétuelle
décadence à causes des dépenses inutiles et imaginaires.
Avec la présence de la MINUSTAH le pays continue de
connaitre beaucoup de crise, telles : crises institutionnelles, crises de
valeurs, crises environnementales etc. Malgré la présence des agences
onusiennes, beaucoup d’enfants ne peuvent se rendre à l’école, l’agriculture en
déroute, chômage et insécurité de toutes sortes, la mortalité infantile se
répète au quotidien, dégradation de l’être haïtien aux yeux du haut
commissariat des droits de l’homme de l’ONU et de l’IDH, l’instabilité
politique fait rage, la pauvreté extrême s’identifie sur le visage de la
population. Donc, nous sommes en droit de considérer la contribution de
l’international dans la situation actuelle du pays sans ignorer l’incapacité de
l’État haïtien de répondre positivement et favorablement aux exigences de la
population haïtienne.
Ainsi, comme nous autres, le RNDDH fait le constat que
voici :
La situation du pays est catastrophique. Les droits
sociaux, économiques et politiques du peuple haïtien sont bafoués. Les
conditions de vie sont précaires. La pauvreté s'installe. Les services de base
ne sont pas disponibles pour la population. Plus que jamais, la vie en Haïti
est caractérisée par une insécurité humaine. Les milliards de dollars
américains dépensés au nom du peuple haïtien (…) n'ont donné qu'un résultat
mitigé. Les différentes décisions prises par les autorités ne se sont pas
inscrites dans le cadre d'un programme articulé de relèvement et de
reconstruction du pays. Les actions réalisées n'ont pas pris en compte les
intérêts supérieurs de la Nation. Ainsi, les droits humains, les idéaux
républicains et les principes démocratiques ne sont pas au rendez-vous[13].
Les actions éparses dénombrées n'ont eu comme résultats
que de persuader la population en général et la diaspora haïtienne en
particulier, que la situation est en train de changer et que le pays est sur
les rails du développement. Aujourd'hui plus que jamais, Haïti est vulnérable à
tous les points de vue. L'avenir est sombre. Les menaces de plus en plus
persistantes (…)[14].
Remerciement à Me HERODE Charnel de L'Université Libre d'Haïti www.ulh.edu.ht
et le professeur: DOUDOU Abdonel de www.jurimedia.org
[2] . Document
de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
(DSNCRP) 2008-2009, Novembre 2007
[3] . Idem
[8] . Intervention
du Premier Ministre, Laurent Salvador Lamothe, à l’occasion de la
soixante-huitième session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies,
New York, 26 septembre 2013
[9] . PNUD,
Indicateurs Internationaux de Développement Humain. Haïti. Profil de pays :
Indicateurs de développement humain. Rapport 2013
[11] . Idem
[12] . Idem
[13] . RNDDH, commentaire sur le rapport: Haïti, 5 ans après le séisme du
12 Janvier 2010
[14] . Idem