jeudi 23 janvier 2020

*Interview réalisée avec Me Delcarme BOLIVARD dans le cadre de différents projets socioculturels devant marquer respectivement les 350 ans de la fondation de la ville de Cap-Haïtien et les 200 ans de la morts du Roi Henri 1er.*

Dans le cadre de notre quête du savoir sur l'organisation de différentes activités socioculturelles pour l'année 2020 dans le département Nord, notamment à Cap-Haïtien, nous avons rencontré le professeur Delcarme BOLIVARD avec qui nous allons commenter les actualités.
 *Nord Agence Presse (NAP)* : _Salut professeur Delcarme BOLIVARD._
 *Delcarme BOLIVARD (DB)*  : Salut Nord Agence Presse. Tout le plaisir est pour moi de répondre à vos différentes questions.
 *NAP* : _Merci de répondre à notre demande, professeur Delcarme BOLIVARD. En fait, avant de commencer notre interview, nous voudrions vous demander de vous présenter à nos chers lecteurs qui auraient bien aimé vous connaitre davantage._
*DB* : Je ne crois pas que les lecteurs de cette Agence de presse ne me connaissent pas (Rires). Toutefois, selon les principes élémentaires de la bienséance, il faut que je le fasse.
Je suis Delcarme BOLIVARD, avocat militant à l'Ordre des Avocats du Barreau de Cap-Haïtien. Maître en Science politique,  Spécialiste en Droit parlementaire et philosophie politique. Écrivain et professeur d'Universités.
 *NAP* : _Beaucoup de chapeaux, cher maître (Rires)?_
 *DB* : En effet!
 *NAP* : _Venons direct à notre sujet. Maître Delcarme BOLIVARD, aujourd'hui, la question de la célébration des 350 ans de la ville de Cap-Haïtien, est sur toutes les lèvres. Et la commémoration du bicentenaire de la mort du Roi Henri 1er d'Haïti fait là une. Qu'elle en est votre première impression?_
 *DB* : Je trouve louables toutes initiatives devant marquer les 350 ans de la ville de Cap-Haïtien et les 200 ans de la mort du bâtisseur, le Roi Henri 1er d'Haïti. Toutefois, je me demande si le contexte fragile de la situation chaotique du pays ne va pas tout déranger. Cela sous-entend que ce grand évènement pouvait permettre au département du Nord, particulièrement la ville de Cap-Haïtien d'avoir une très large visibilité, si et seulement si la conjoncture de l'heure se redressait.
 *NAP* : _Comment pourrait-on situer ces deux grands événements dans l'histoire nationale?_
 *DB* : La ville de Cap-Haïtien fut un temps la zone la plus attrayante du pays par rapport à son mode de construction et surtout sa valeur historique. Par ailleurs, avec le temps, elle est dénuée de sa gloire d'autrefois pour être victime d'une surpopulation (exagérée) et des constructions anarchiques sous les yeux faiblards non seulement des autorités étatiques centrales, mais aussi et surtout sous ceux des autorités locales ne maîtrisant pas les grands principes du développement.
Quant au premier et dernier Monarque haïtien, le Célèbre Henri Christophe, sa gloire, sa grandeur d'âme et d'armes se perpétuent à travers ses grandes réalisations, dont le Palais Sans Soucis et la Citadelle La Ferrière attirant sans complexe le monde entier. Cependant, pas manque de promotion et de vulgarisation de la pensée de ce Roi. Ses grandes œuvres aujourd'hui se vandalisent et se profanent tant par certains dirigeants dans l'international que par ceux au niveau du territoire national ayant bénéficié de la valeur populaire.
 *NAP* : _Avez-vous une ou des idée sur les membres de la commission d'organisation de ces évènements?_
 *DB* : À vrai dire non. Cela est dû à un manque de promotions pour ces nobles événements. Mais, d'après moi, une telle commission devrait être formée de grands connaisseurs en la matière, dont : des géographes, des ingénieurs, des techniciens en urbanisation, des géologues, des économistes, des avocats, des artistes, pour ne citer que ceux-là.
 *NAP* : _Que peut-on attendre de ces activités?_
 *DB* : Le département du Nord en général et la commune de Cap-Haïtien en particulier devraient profiter de l'occasion pour vendre leurs cites historique et touristique. C'est le moment où les autorités locales devraient, s'il en a, se montrer à la hauteur de leurs missions consistant à défendre ou soutenir les intérêts de la commune et de la développer de manière durable.
 *NAP* : _Est-ce que d'après vous, la population septentrionale, dont les capois sont prêts pour accueillir ces moments?_
 *DB* : En principe, on est jamais prêt en termes de préparation pour les grands évènements. Mais, dans le cas de la célébration des 350 ans de la ville du Cap-Haïtien et la commémoration des 200 de la mort du Roi Henri 1er d'Haïti, le constat est commun, nous ne sommes pas prêts. En voici quelques raisons :
a) l'insalubrité fait rage au niveau de la ville du Cap-Haïtien;
b) l'insécurité gagne le terrain;
c) crise et vide  institutionnelle;
d) faiblesse économique;
e) Manque d'implication des citoyens;
f) Manque de promotion pour ces événements.
g) etc.
 *NAP* : _Un dernier moi, cher maître._
 *DB* : La ville de Cap-Haïtien, pour ses 350 ans, doit avoir une fête à la dimension de son histoire. Il faut embellir la ville pour y attirer beaucoup de touristes. Une entente consciente entre les membres de la population capoise serait la bienvenue pour une fête de la ville de Cap-Haïtien sans précédente.
Il nous faut, avant l'arrivée de ces événements, promouvoir l'idéal christophien dans nos écoles, églises, universités, sur les places publiques, etc. Le Roi Henri 1er, est notre Pharaon en termes de grandes constructions et réalisations humaines. Donc, pour le bicentenaire de sa mort, qu'il nous revienne pour nous supporter et nous aider dans notre développement et progrès national.
 *NAP* : _Nous vous remercions, cher maître._
 *DB* : A moi de vous remercier, NAP.

 *Cap-Haïtien, le 18/02/2020*

samedi 11 janvier 2020

*Considérations sur la question de ‘’diriger le pays par décret’’ émanant de la Présidence après le 13 janvier 2020*

Le fait que le Conseil constitutionnel prévu par la Constitution en vigueur en son article 190 bis, ne soit point institué, l'interprétation et la constitutionnalité des lois s’examinent comme l'on veut. Et certains vides institutionnels dans le cadre de la politique nationale parviennent inévitablement de la Constitution du 29 mars amendée le 9 mai 2011, pour être le reflet des rancœurs historiques et sociopolitiques contre des membres du règne des Duvalier, de 1957 à 1986. Cette Constitution, si elle ne se penche pas sur certains faits, pour d'autres qui l'intéressent pourtant, sont quotidiennement foulés au pied des autorités étatiques qui cherchent à s'assimiler comme des saints gagnants au mépris de la vaillante population haïtienne.

Ainsi, à Haïti, les articles de la Constitution sont interprétés comme les versets bibliques où chacun cherche à avoir raison de sa prise de position. Du moins, un même article de la Charte mère de la nation peut saisir ou apprécier un fait de différente manière selon le désir des autorités étatiques. Donc,  puisqu'il y a trop de vides constitutionnels et trop de faiblesses institutionnelles, des analyses et commentaires coulent à flot surtout quand il s'agit de soutenir son rang.

Considérant la force néfaste et la nature impitoyable de la politique haïtienne, l’'échec du droit est toujours prévisible. À telle enseigne, à Haïti, les matures du système corrompu haïtien, d'ailleurs qu'ils ont créé, sont en mesure de tout faire pour étayer leurs idéologies désobligeantes. C'en est une déception à la philosophie du Droit compte tenu l'ampleur de la déchéance de la justice haïtienne.

Donc, le deuxième Lundi du mois de janvier 2020, si l'esprit des instruments juridiques électoraux haïtiens se respecte, certains parlementaires doivent rester tant bien que mal. C'est vrai, il convient de signaler que la 50ème législature haïtienne s'entache de dédains par rapport aux comportements malhonnêtes et déloyaux de certains parlementaires, dont, des sénateurs ; mais aux yeux de la loi, cette institution ne doit pas être dysfonctionnelle. Si l'exécutif, par la force de la nature des choses, arrive à constater le deuxième Lundi du mois de janvier de l'an en cours la caducité et le dysfonctionnement du Parlement haïtien, inversement à ce qui se dit ou se répète ; le Président de la République ne pourra pas diriger par décret. Quel est le fondement de cette thèse émise? Et s'il arrive à le faire par la force de la politique? Qu'elle en sera la ou les conséquences?

La question de diriger le pays par décret au moment de vide institutionnel n'est pas l'apanage du Président de la République. La Constitution en vigueur en son article 285.1 (abrogé) dispose (suffisamment) de (provisions légales) contre cette prétendue intention, faisant du Conseil National de Gouvernement le principal responsable de cet acte. À ce propos, interrogeons-nous comme suit : Y a-t-il un tel conseil pour l'heure à Haïti? L'article dont s'agit, ne se classe-t-il pas dans la catégorie des articles relatifs aux dispositions transitoires? Cet article, n'est-il pas abrogé? Maintenant, il reste à savoir qu'au cas où le Président aurait le dessein de diriger le pays par décrets, n'accepterait-il pas volontairement de donner sa démission après maintes tentatives dilatoires de la prétendue opposition politique au cours des moments "pays lock?". N’agirait-il pas contraire au principe de l’abrogation de la loi ?

Lisons attentionnément l'article 285.1 (abrogé) de la loi mère haïtienne : " _Le Conseil National de Gouvernement est autorisé à prendre en conseil des Ministres, conformément à la Constitution, des décrets ayant force de loi jusqu’à l’entrée en fonction des Députés et Sénateurs élus sous l’empire de la présente Constitution._" Par cet article abrogé, le Président ne pourra pas diriger s'il se respecte et respecte la loi de son pays (Art. 136 CH. : ‘’ _Le Président de la République, chef de l’État, veille au respect et à l’exécution de la Constitution et à la stabilité des institutions. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État._"). En outre, une loi, un décret, un décret-loi, ou tout simplement un article abrogé n'a aucune force d'application, comme un corps inerte n’a aucune importance.

En effet, dans la démocratie, Charles Louis de Secondat (Montesquieu) nous enseigne sans langue de bois la théorie de la séparation de pouvoir. Pour lui, ‘’ *Que le pouvoir arrête le pouvoir.*’’ Nous référant à l’article 60.1 de la Constitution haïtienne en vigueur, nous retenons la limite des pouvoirs politiques d’Haïti : ‘’ _Aucun d’eux ne peut sous aucun motif, déléguer ses attributions en tout ou en partie, ni sortir des limites qui lui sont fixées par la Constitution et par la loi."_

Ainsi, à travers tout le chapitre III de la Constitution haïtienne, consacré au pouvoir exécutif, il n'est aucunement donné au Président les prérogatives de diriger le pays par décret. Mais quand en réalité cela se fait, c'en est un affront aux principes constitutionnels. Au niveau du même chapitre, Section B, article 150, nous lisons : " _Le Président de la République n’a d’autres pouvoirs que ceux que lui attribue la Constitution._" De ce fait, constitutionnellement les pouvoirs du Président de la République sont bornés.

Donc, le Président n'a aucune provision légale pour asseoir son désir de diriger le pays par décret après le Lundi 13 janvier 2020. Normalement, il ne se prononce pas sur cet acte, mais laisse le soin à ses porte-paroles, ses conseillers et autres de l’avancer à travers les médias. Par la logique du bienfait, la Présidence comme institution, ne mérite-t-il pas une loi organique? Et qu'en est-il du Parlement haïtien? Cette institution, ne mérite-t-elle pas une refonte? Sera-t-il important si le Droit national soit un Droit beaucoup plus actif ? (Ou jurisprudentiel?) Pourquoi n'institutionnalise-t-on pas l'opposition haïtienne?

Enfin, John Irving nous apprend : ‘’ _Le Président est élu pour faire respecter la Constitution et, plus largement, pour faire respecter la loi !... Il n’a pas le droit d’agir au-dessus des lois, il est censé nous servir d’exemple._’’

10/01/2020

*Delcarme BOLIVARD Av.MA*

jeudi 9 janvier 2020

*La 50ème législature haïtienne, la déconstruction d'une valeur républicaine : entre les normes et les réalités sociopolitiques*

Les regards rivés sur la dernière législature haïtienne en date, dégagent un ensemble d'énergies intellectuelles sur ce qui est, en termes de l'existence de ce pouvoir, sur ce qui devrait être, en termes du respect des lois y relatives et sur ce qui sera, compte tenu de l'ampleur de la situation qui s'annonce triste à nos parlementaires.

La 50ème législature haïtienne a sa marque d'inefficacité légistique et est le symbolisme de la chute des institutions républicaines nationales. Ces composantes, pour la plupart viennent de nulle part, ou d’un bouillonnement de médiocratie absolue.
Nous n'exposons pas les faiblesses de la 50ème législature haïtienne comme le plus terre-à-terre, ou du moins, qu'elle soit la plus visible des critiques du pouvoir législatif. Cependant, considérant le désaccord entre les normes juridiques et les réalités sociopolitiques saillantes de cette génération de parlementaires, nous sommes convaincu que nulle se désigne cette législature, dont un très large constituant doit partir le deuxième Lundi du mois de janvier 2020 sous les effets de la loi. Or, se rappelant qu'à Haïti, continuellement, c'est le Droit de la politique qui prime sur la politique du Droit, tout peut être attendu ce jour-là.

La 50ème législature accouche les parlementaires haïtiens les plus déblatérés. Que ce soient dans leurs actes accomplis, que ce soient dans leurs mentalités, les parlementaires de la 50ème législature se tuent sans même qu'ils le sachent sous les conséquences malheureuses de l'histoire politique nationale. Entre autres, citons quelques mauvaises images dressées par certains parlementaires de la 50ème législature :

1- Le nom de Gary Bodeau et celui Gandhy Dorfeuille auraient été cités dans le scandale de l'achat de l'eau et du café pour la chambre basse;
2- Le Sénateur Garcia Delva serait accusé de complice dans un dossier d'enlèvement;
3- Le Sénateur Jean-Mari Ralph Féthière aurait pointé l'arme et tiré sur une foule le menaçant, disait-il;
4- le Sénateur Onondieu Louis aurait été accusé dans un dossier de corruption;
5- Les noms des Sénateurs : Dieudonne Luma Étienne, Jacques Sauveur Jean, Kedlaire Augustin, Wilot Joseph et Wilfrid Gelin auraient été cités dans le scandale de 500.000 dollars américains pour le vote du Premier Ministre nommé Fritz-William Michel;
5- Le vandalisme de la chambre basse et celle Haute par les parlementaires, respectivement, députés et sénateurs de l'opposition.

A noter que, cette liste des actes causés par les parlementaires de la 50ème législature n'est pas exhaustive. Elle se focalise sur l’intention de ternir la représentation parlementaire haïtienne.

À quoi faut-il attendre le 13 janvier 2020? Les compromis politiques, seront-ils primés sur les normes juridiques? Pourquoi certains parlementaires de la 50ème législature haïtienne doivent partir et d'autres rester? Quel est l'intérêt du pays en tout cela ? Par ces questions, nous nous tâcherons d'en faire sortir la lumière.

La Constitution du 29 mars 1987, amendée le 09 mai 2011, en son chapitre II, sections A et B, traite les conditions requises pour être député et sénateur. Il (Chapitre) dispose des missions parlementaires et laisse le soin à la loi organique électorale de préciser les règles du jeu démocratique. D'où l'existence de toute une myriade de décrets, de décrets lois et de lois électorales à Haïti.

Le dernier cadre légal des élections à Haïti en date, est le décret du 02 mars 2015 sous l'égide duquel s'organisaient les élections des collectivités territoriales, celles législatives et exécutive. Ce décret fixe la durée du mandat des élus et précise clairement les moments électoraux dans le but de ne laisser aucun vide institutionnel au nom de la souveraineté populaire. Il convient de signaler que mises à part certaines communes des départements du pays où les élections au premier degré étaient à reprendre, dans d'autres tout allaient pour le mieux. Il va de soi pour le législatif. Alors que pour l'exécutif, il fallait attendre jusqu'en 2016 pour que les élections aient été acceptées comme bonnes.

Maintenant, il reste à savoir, déjà pour la chambre basse c'est totalement clair puisque les députés ont accompli leur mandat de quatre ans, qui doit partir comme membres du Grand corps. A ce niveau, deux approches méthodologiques doivent être envisagées : les effets des normes juridiques établies et la force des réalités sociopolitiques haïtiennes. De ces deux démarches, nous insistons sur la première pour la simple et bonne raison que le Droit (en matière de loi) a pour vocation première de régulariser le corps social et de maintenir un équilibre entre ce qui se fait et ce qui doit se faire.

Pour la Constitution en vigueur en son article 95, elle dispose : " _Les sénateurs sont élus pour six (6) ans et sont indéfiniment rééligibles._" et l'article 95.3 poursuit : " _Le renouvellement du Sénat se fait par tiers (1/3) tous les deux ans._" Ce qui signifie que la Charte mère de la nation fixe la durée du mandat des sénateurs. Donc, tous les sénateurs qui rentraient le deuxième Lundi du mois de janvier 2016, dépendamment de leurs quantités de voix obtenues, devraient, respectivement laisser le Parlement en 2018 et en 2020, dont le deuxième Lundi du mois de janvier.
Le décret électoral du 02 mars 2015 a repris " *In extenso*" l'esprit de la constitution en vigueur concernant le mandat des sénateurs. Et nous y lisons ce qui suit : _La durée du mandat du sénateur de la République est de six (6) ans conformément à l'article 95 de la Constitution amendée. Art 45.2_. _Le renouvellement du Sénat se fait par tiers (1/3) tous les deux ans. Art. 46._

Donc, en tout état de cause, les sénateurs dont les mandats arrivent à termes doivent partir sans conditions et cela selon les prescrits légaux. De surcroît, en toute logique, ceux-là ayant bénéficié les privilèges de rester jusqu'en 2020, quoi que leurs mandats se soient terminés en 2018, auraient dû restituer à l'État ce qu'ils ont reçu comme privilèges.
Ce même décret poursuit en son article 50.3 : ‘’À l’occasion des élections sénatoriales impliquant à la fois un renouvellement et une ou deux vacances au sein d’un même département, les électeurs votent pour autant de candidats qu’il y a de postes à pourvoir. Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix reste en fonction jusqu’au deuxième lundi de janvier de la sixième année de son mandat. Le Sénateur élu avec un nombre de voix immédiatement inférieur comble la vacance produite en cours de mandat pour le temps qui reste à courir. Tout éventuel troisième Sénateur élu, soit celui qui vient en troisième position, termine le mandat qui arrive à terme en premier. Retenons que l’esprit de cet article n’est profitable qu’aux sénateurs ayant été élus dès le premier tour pour le renouvellement et ceux-là dont la présence s’occupait d’une ou deux vacances au niveau de leur département.

Donc,  10 parlementaires doivent rentrer chez eux mains au dos, tristesse à l'esprit le Lundi 13 janvier 2020. Et que les autres, même quand de manière symbolique doivent rester au parlement. Cependant, tous, que ceux qui restent ou qui partent, méritent d’avoir le sentiment d’anéantissement et du regret absolu pour n'avoir rien fait pour la population haïtienne durant leurs mandats. Avec eux tous, la population pataugeait dans la misère. Sans eux, elle peut prendre en main son destin en élisant des femmes et des hommes, n'ont pas pour la couleur de leur peau, le niveau de leur économie, la dimension de leurs slogans de compagnes électorales, mais pour leurs projets de société, leur patriotisme avéré et leur sens d'homme moral digne de ce nom.

Mais, l'inapplication de l'article 190-bis de la Constitution du 29 mars 1987 amendée le 09 mai 2011, n'est-elle pas à la base de tout cela (sur la constitutionnalité des lois)? La caducité du Parlement haïtien, n'est-elle pas effective? Par de-là, continuera-t-on de parler de la souveraineté nationale puisque le Parlement est le co-dépositaire de celle-ci?

En effet, dans le Droit parlementaire ce sont les précédents qui justifient les actes ponctuels. Mais, quant au Parlementarisme haïtien, il est mitigé continuellement de mauvais précédents faisait de lui un droit inefficace dans le monde juridique d'Haïti. Nous assistons toujours par des mauvais précédents à l'effondrement du statut civil de l'organisation de l'État par la caducité de certaines législatures haïtiennes. Ce qui est contraire au libellé de l'article 59.1 de la Constitution amendée.

06/01/2020

 *Delcarme BOLIVARD, Av.MA*



Art. 111.8 de la Constitution du 29 mars 1987 amendée le 09 mai 2011, fait vraiment peur ou est porté à trop d’équivoque. Nous le lisons au passage : ‘’En aucun cas, la Chambre des députés ou le Sénat ne peut être dissous ou ajourné, ni le mandat de leurs membres prorogé.’’

mercredi 1 janvier 2020

*Haïti 2019, le règne des maux haïtiens : 2020, 216 ans d'indépendance*

_Message à la Nation haïtienne à l'occasion de son 216ème printemps d'indépendance_


Après la victoire de l'armée indigène sur celle de Napoléon Bonaparte le 18 novembre 1803 aux Vertières, les grands généraux noirs de l'époque, se sont donné rendez-vous aux Gonaïves pour célébrer l'indépendance nationale, le 01 janvier 1804. Ce fut une nouvelle page d'histoire à travers le monde où un groupe d'esclaves arrivèrent à se libérer des jougs des blancs sans craintes et sans danger. Ce moment si solennel sous les yeux de célèbres observateurs, fut considéré comme une véritable occasion de la matérialisation de grandes théories de diverses écoles juridiques relatives aux droits humains.
Le premier janvier 1804, tout a changé sur l'angle de la libération d'un nouveau peuple. Toute une nouvelle race vint allonger la liste des pays indépendants dans le monde. La carte mondiale s'élargir et la première République des nègres donna le ton au rythme d'une conscience collective dont la visée certaine fut la fondation de l'État haïtien. En effet, un an plus tard, soit en 1805, Dessalines élabora et dota la jeune nation une Constitution à la base de laquelle se dirigea le pays.

La jeune nation fut prospérée sous les ordres autoritaires de Dessalines. Cependant, 216 plus tard, où en sommes-nous? Quels sont les véritables facteurs de la situation actuelle du pays? Pourquoi sommes-nous aujourd'hui la risée de l'international? Quel est le véritable nœud gordien du sous-développement d'Haïti? Pourquoi notre gloire ne s'écrit qu'au passé antérieur? Que faut-il faire pour redresser la barque fragile de l'État haïtien? Autant de questions importantes sont à poser pour mieux comprendre la dimension des problèmes auquel fait face le peuple haïtien.

Pendant ces trente dernières années, la situation sociopolitique d'Haïti se détériore. Beaucoup plus d'insécurités, de misères, de crises politiques et économiques. L'environnement haïtien se dégrade par des constructions anarchiques sous les yeux d'argus des autorités étatiques improvisées. Tout est à l'envers : l'école, la santé, l'Église, les institutions républicaines. Les pouvoirs civils et politiques constitués sont dépourvus de capacité à répondre positivement aux exigences de la population haïtienne. Tout est remis sans même qu'on le sache ou l'admette, entre les mains d'un groupuscule de femmes et d'hommes n'ayant aucun amour patriotique et dont la formation professionnelle ou académique de certains d'entre eux, laisse à désirer.

Le jeu politique dans l'intervalle devient une marchandise aux plus offrants. Les acteurs économiques dominent inconditionnellement l'arène sociopolitique nationale. Ce sont eux qui élisent et révoquent les mandants sous l’impuissance de la population haïtienne victime de l'ignorance et de l'incapacité de déterminer ses ennemis, faute d'éducation. L'argent achète chez nous la conscience citoyenne et nous aveugle face au destin infernal qu'ils nous dessinent et nous offrent comme récompense.

Étant en 2020, nous devons jeter un d'œil sur l'an 2019 dans l'optique de voir où étions-nous et à quoi devons-nous attendre maintenant. C'est la meilleure façon de nous évaluer afin de participer comme cela se doit au développement durable de la République d'Haïti.

L'année 2019 a été émaillée de violence de toutes sortes. Désignée de l'ère de la corruption institutionnalisée à Haïti, l'année 2019 laisse un goût âcre et amer dans la bouche du peuple haïtien. C'est à cette année que l'inefficacité de la Justice haïtienne se faisait beaucoup plus remarquer. C'est à cette année que la Police Nationale d'Haïti s'instrumentalisait et se politisait. C'est à cette année qu'être président, parlementaires, juges sont beaucoup plus insignifiants.

De 01 janvier 2019 jusqu'au 31 décembre 2019, le pays en état d'instabilité, des crises en cascades faisaient peur et laissaient des larmes aux yeux des membres de la population. Pour causes d'insécurité :

-le président de la République le 01 janvier 2019 ne se rendait pas aux Gonaïves.

En voici quelques grands évènements qui ont marqué l’année 2019 à Haïti :

- De vastes mouvements anti-gouvernementaux se déclenchaient à travers tout le territoire national. Les "Pétro-Challengers’’ se mobilisaient autour de la question : "Kot kòb PetwoKaribe? Le pays est en mode "Lock". Des mercenaires étrangers assistés d'un haïtien se débarquaient au pays pour renforcer la PNH sous la demande de l'exécutif. Ces "Snipers", arrêtés et libérés par la justice haïtienne;

- Les mouvements de protestation continuaient pour la plus belle. Entretemps, des révocations en série se faisaient pour la consolidation du pouvoir en place. La première partie de l'audit de la Cours Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif sur l’utilisation du fonds PetroCaribe se publiait, épinglé certains grands dignitaires et fonctionnaires de l'État haïtien, dont le président de la République;

- Le président, sous la haute pression de l'opposition ne se rendait pas à l'Arcahaie. Dans l’intervalle, les contacts continuaient de se multiplier pour doter le pays d'un gouvernement. Le Notaire Henri Céant est destitué par la chambre basse comme premier Ministre. Jean-Michel Lapin lui a succédé, reçu par les députés mais non par le Sénat sous les pressions des pères conscrits de l'opposition. Deux premiers Ministres partagent la primature : Jean-Michel Lapin et Fritz-William Michel. La deuxième partie du rapport de CSC/CA est remis, encore de grandes autorités étatiques y voyaient leurs noms cités;

- La relance de la mobilisation, ce qui empêchait que le président de la République ait pu participer à l'Assemblée Général de l'Organisation des Nations Unies (ONU). L’arrestation du chef de ‘’gang’’ Arnel Joseph et l’éventuelle implication du Sénateur Gracia Delva dans un dossier d’enlèvement;

- Les manifestations anti-gouvernementales sont reprises, s'étendaient jusqu'au mois d'août. Panique totale sur tout le territoire national;

- En septembre, les portes des établissements scolaires sont fermées. La peur envahit l'espace national. Prévue pour le 09 septembre 2019, la reprise des activités scolaires se faisait dans certaines écoles jusqu’au début du mois de décembre, cela très en cachette. La cérémonie de l'ouverture des tribunaux est avortée et s'est donnée en direct à la radio;

- En octobre, le président, sous les pressions populaires, incapable de se diriger à Pont-Rouge pour commémorer l'assassinat lâche de l'empereur Dessalines. Des barricades partout dans le pays. Des pneus enflammés de part et d’autre;

- Le président ne se rendait pas dans le Nord, notamment à Cap-Haïtien aux Vertières pour la célébration de la Bataille de Vertières. L’opposition politique haïtienne prenait d’assaut tout le territoire. Et son porte-parole, maître André Michel, annonce l’installation d’un nouveau président pour remplacer Jovenel Moïse après son départ. Pourtant, rien n’était effectif. Entretemps, l'ex-député de la commune de Cité Soleil dans l'Ouest, Arnel Bélizaire, fut arrêté. L'attaque du président à certains membres de la classe économique du pays, dont : Dimitri Vorbe et Réginald Boulos, défraie la chronique de l’heure;

- Deux diplomates américains foulaient le sol national, c’étaient : une représentante du président américain, Donald Trump à l'ONU, madame Kelly Kraft, débarquait aux fins d'évaluation de la situation chaotique d'Haïti. Un autre envoyé spécial de Trump visitait Haïti, le diplomate David Hale, ce, dans la même perspective;

- Des révocations politiques à outrance se faisaient sentir. L'incapacité de l'opposition à convoquer le peuple pour participer à des manifestations anti-PHTK. De la division au sein de l’opposition pour un manque de confiance. Ce qui a donné une nouvelle chance au président Jovenel Moïse déjà soutenu par l’international, notamment les États-Unis.

En sommes, l'année 2019 a été marquée par des bouleversements sociopolitiques saillants. Des effets négatifs entouraient la vie nationale. En effet, l'exécutif est sans bilan, le parlement est décrié, la Justice est prise en otage. Aucune loi de finances n'est votée tandis que les autorités étatiques continuaient de dépenser à leur intérêt sous les yeux cinglants de certains fonctionnaires de l'État. Inflation galopante, dévalorisation de la devise nationale. Aucune loi électorale, donc, élections avortées, entre autres, sont de significatifs facteurs négatifs démontrant la tragédie qui s'est déroulée en 2019 à Haïti.

Par ces constats aussi fragiles, nous souhaitons que pour cette nouvelle année les citoyens conséquents se responsabilisent en cessant d'être observateurs pour devenir de vrais acteurs au nom du développement durable d'Haïti. Qu'ils s'engagent afin d'empêcher à n'importe qui de briguer des postes de dirigeants dans le pays. Et que l'État haïtien prenne sa responsabilité directe consistant à garantir le mieux-être de la population avec l'appui d'une Justice forte et d'un système éducatif efficace. C'est ainsi qu'on parlera de l'État de Droit à Haïti et de justice sociale au nom de la démocratie.

01/01/2020.

Compteur Global

Culture