dimanche 22 novembre 2020

Lettre ouverte à Edouard Noisin

Monsieur Edouard,


Votre père que j'ai rencontré en 2007, alors que je venais fraîchement de laisser mon premier cycle universitaire en Droit, avait une vision imposante pour le pays en général et le département du Nord, notamment la ville du Cap-Haïtien. Cette vision se traduit par une nécessité intellectuelle de doter la commune de la première Université privée des provinces d'Haïti, relative à la pensée humaniste et bâtisseuse d'Henri Christophe, Université Roi Henri Christophe (URHC) ; il y a de cela 40 ans.

Président de l'Assemblée Nationale de la 44ème législature haïtienne, Docteur Louis J. Noisin, Ti Loulou pour ses intimes, votre père, détenait à cette époque une verve oratoire sans précédente, ce que son ami d'enfance et condisciple de classe, le feu Leslie François Manigat St-Rock avait reconnu et applaudi en pleine séance d'Assemblée Nationale où il alla prêter serment comme Président de la République. Que ce soit en Europe, en Asie, en Afrique ou en Amérique, votre père Noisin fut un influenceur de belle et de bonne scène politique où sa véritable arme de soutenance fut son éloquence, sa rhétorique et surtout son humaniste et sa philanthropie bien tissée à l'aune du savoir et de l'intelligence. Son exil en Afrique lui a permis de s'imposer intellectuellement à côté du président de "Kinshasa" de l'époque, son excellence Joseph-Désiré Mobutu (Sese Seko) pour qui il rédigea de solides discours prononcés et ovationnés par la population Kinoise. Dany Laferrière a raison d'avancer : "L'exil vaut le voyage". Revenons à notre sujet : Certains parents intelligents de "Kinshasa" ont attribué le patronyme "Noisin" à leurs enfants de façon que la gloire de Ti Loulou s’y éternise. Aux États-Unis d'Amérique, Docteur Louis J. Noisin fut à "Hampton University" le premier des professeurs noirs et y fut nommé : ‘’Professeur de tous les temps[1]’’. Voilà ce que fut votre père dont vous ne savez pas le parcours.


Monsieur Edouard,


Je regrette de vous avoir campé votre père en si peu de temps. Je regrette que je vous fasse connaitre celui qui vous a donné naissance dont le passage de vie à trépas résulte de votre tempérament insouciant. Je regrette de m'adresser à vous commençant à vous parler de celui qui vous a donné le titre de "Docteur" pour lequel aucun effort de votre part n'a été consenti. Sauf erreurs, vous êtes incapable de suivre la voie tracée par votre père, puisque vous êtes trop émotionnel et irrationnel dans votre prise de décision.


Monsieur Édouard,


J'ai été témoin de votre nomination incomplète et irrégulière à la tête de l'Université Roi Henri Christophe de Cap-Haïtien en 2012. Nomination incomplète, dis-je, puisqu'aucune rigueur administrative n'a été respectée ou mise en valeur. Irrégulière, mentionné-je, car, aucune analyse académique n’a été réalisée. Mais, qui pouvait à l’époque oser en parler ? Votre père Noisin en paie les conséquences fâcheuses, car, votre mauvais agissements à la maison et également au Décanat de l'URHC lui a provoqué la mort le 05 août 2015 à l'Hôpital Sacré-cœur de Milot, onze jours avant la célébration de son anniversaire de naissance. Ce jour-là, vous avez pris plus d'une heure avant de vous y rendre afin de récupérer le spectre de votre père, cependant, vous restez sur votre chaise de déception. Quel mépris !


Votre administration fantôme composée en majeur partie d'employés infâmes agissant contre l'éthique professionnelle, a fait de vous, monsieur Edouard Noisin, le pire des dirigeants que l'Université Roi Henri Christophe n'ait jamais connu. Vous initiez depuis votre arrivée à la tête de l'URHC un esprit corrupteur dont le résultat vous enrichit, vous et votre famille. Ce même sentiment contribue au progrès humiliant de vos petits protégés qui acceptent par vous d'être scandalisés et humiliés partout et ailleurs.

Dans votre administration, vous et votre comptable créez une rubrique baptisée "fonds perdu" dans lequel vous versez mensuellement le salaire des employés révoqués, démissionnés et abandonnés. Continuer à insérer sur la liste de payroll les noms des employés qui ne prêtent plus leurs services professionnels au sein de l'Université, est une marque de corruption, assimilée au détournement de fonds. Et quand vos dépenses personnelles s'exagèrent, ce sont les étudiants qui en paient les conséquences par l'invention de toutes sortes de frais inimaginables.


Monsieur Edouard,


On ne dirige pas une Université comme l'on fait dans une colonie d'esclaves, non plus une caverne. À l'Université, l'on propose des solutions aux phénomènes sociaux et naturels après des travaux scientifiques. Comme centre des débats fondés sur des approches axiologiques, l'Université remet en question les problèmes auxquels fait face la société. Au lieu d'être une simple entreprise commerciale où la connaissance et le savoir se vendent aux plus offrants, telle que vous la concevez dans votre esprit, l'Université doit être l'âme de la société en se basant sur des approches épistémologiques où tout est recherche scientifique, où tout est expérimentation et expérience. Dans votre cas, c'est l'anarchisme total au mépris de la raison et de la rigueur scientifique.

Donc, monsieur le Président exécutif de la première Université privée des provinces d'Haïti, à quand remonte votre dernière publication scientifique ? À quand remonte votre dernière prise de position publique axée sur des recherches scientifiques par rapport à la situation du pays ? À quand remonte votre dernière intervention sérieuse dans le monde universitaire haïtien ? À quand remonte votre dernière invitation sur la scène scientifique nationale et internationale ? À quand, à quand, à quand ? Trop d'interrogations pour vous qui ne savez mollement que de gérer la question de "cube maggi", contrôler les "gobelets de riz", de "poids" et autres au niveau de la cafétéria de l'URCH dont vous êtes le principal.


Monsieur Edouard,


Cette correspondance a la vertu de vous redresser et de vous fixer les objectifs de votre père, ceux de doter la ville du Cap-Haïtien d'une Citadelle de la pensée christophienne. Elle tend également à faire remarquer que vous êtes très loin de la vision et mission de votre père, celles de contribuer à la formation des jeunes et des cadres devant prendre les rênes de la nation. Vous travaillez aujourd'hui pour ne pas vous faire connaitre positivement comme votre père, mais dans les annales de l'histoire intellectuelle des hommes dont les noms font tache d’huile, vous n'y serez pas listé. Si le contraire se produira connaissant l'une des caractéristiques de notre pays, à savoir : "Tout est possible" vous y serez sans gloire et sans honneur pour être vainqueur sans péril.


Je ne m'en voudrais pas terminer sans vous rappeler le crédo de votre père, celui qui l'a fortifié et l'humanisé tout au long de son existence : " _Je crois aux génies bienfaisants de ma race, aux destinées immortelles et glorieuses de ma patrie, que je servirai mon pays avec dévouement et désintéressement jusqu'au sacrifice. _"

Mais, et si la Justice haïtienne se dresse contre Edouard Noisin ?


12/11/2020


Delcarme BOLIVARD


[1] Ce qu’il racontait et expliquait toujours dans sa prise de parole dans de grandes circonstances.


Crédit Photo : google, consulté le 12/11/2020 à 10 heures 15 AM.

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