lundi 31 janvier 2022

La criminalité économique et financière comme obstacle structurel au développement d’Haïti

crédit photo : Google, consulté le 31/01/2022 
TABLE DES MATIERES

SIGLES ET ACCRONYMES. 2

Résumé et contexte de la recherche. 3

INTRODUCTION.. 5

1.      CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTÉRATURE. 6

1.1 Approches définitionnelles de la criminalité économique. 6

1.2         Définition méritoire de la criminalité financière. 6

1.3         La criminalité économique et financière à Haïti 7

2.      La Contrebande et la corruption, deux crimes économiques majeurs à Haïti 9

2.1 La contrebande à Haïti 9

2.2         La corruption à Haïti 9

3. CONSÉQUENCES MAJEURES DE LA CRIMINALITÉ ECONOMIQUE ET FINANCIERE A HAÏTI 12

3.1 Sur le plan éducatif. 12

2.3         Sur le plan sanitaire. 12

2.4         Sur le plan nutritionnel 12

3.4 Sur le plan instructif. 13

3.5         Sur le plan de développement humain. 13

3.6         Sur le plan économique. 14

3.7         Sur le plan politique et sécuritaire. 15

CONCLUSION.. 16

BIBLIOGRAPHIE. 17

 

 

 

 

 


1-      ADIH :                                   Association Des Industries d’Haïti

2-      AMCHAM :                           Chambre Haïtiano Américaine de Commerce

3-      CCIH :                                   Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti

4-      CESFRONT :                        Corps Spécialisé en Sécurité des Frontières Terrestres

5-      CFHCI :                                 Chambre Franco-Haïtienne de Commerce et d'Industrie

6-      CNMP :                                  Commission Nationale des Marchés Publics

7-      CSC/CA :                               Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux

Administratif

8-      EMMUS :                              Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services

9-      DNCD :                                  Direction Nationale de Contrôle des Drogues

10-  IDH :                                      Indice du Développement Humain

11-  IGF :                                       Institution Générale des Finances 

12-  IHSI :                                     Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique

13-  ITERPOL :                            Organisation Internationale de Police Criminelle (OIPC)

14-  MEF :                                     Ministère de l’Économie et des Finances

15-  PIB :                                       Produit Intérieur Bruit

16-  PNUD :                                   Programme des Nations Unies pour le Développement

17-  RNDDH :                               Réseau National de Défense des Droits de l’Homme

18-  UCREF :                                Unité Centrale de Renseignements Financiers

19-  ULCC :                                  Unité de Lutte Contre la Corruption

 

 

 

 

L’incapacité de l’État haïtien à répondre aux conséquences des crimes économiques et financiers augmente les facteurs d’empêchement au développement de ce pays. Certains ont profité de cette faiblesse pour s’enrichir de manière malhonnête ou en marge de loi en s’occupant en toute quiétude de leurs activités économiques illégales au niveau de la société haïtienne. D’autres, n’étant pas en mesure de participer à une campagne d’anti-corruption dans le pays pour y voir leurs noms figurés, se considèrent comme n’étant pas dans la mêlée et que le combat contre les criminalités économiques et la corruption ne leur appartient pas.

En effet, pendant les vingt dernières années, Haïti est sous le poids d’un phénomène écœurant qui contribue à son échec comme État. Ce phénomène qu’est les crimes économiques et financiers, dérivé des scandales de corruption la plus frappante dans la République, risque de perdurer si rien ne s’y opère en termes de proposition et d’application des éléments de réponse.

Haïti est l’un des rares pays du Sud à patauger dans le sous-développement total après plus de deux cent dix-huit ans d’indépendance. Cette caractéristique humiliante a fait du pays un sujet de recherche et d’étude sur les causes qui ont permis à la dévalorisation et au mépris de l’État haïtien tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle mondiale. En effet, les facteurs négatifs ayant conduit le pays à cet état sont complexes et nombreux. Et dans l’idée de les aborder, il faut préalablement les identifier afin d’être au courant de leurs conséquences.

De ces facteurs de blocage systématique et systémique du développement d’Haïti, entre autres, nous soulignons à l’eau forte : l’affaiblissement considérable de l’appareil de l’État haïtien ; l’instabilité sociopolitique et économique du pays ; la dégradation de l’environnement ; la faiblesse de la Justice ; les crimes économiques et financiers. Ceux-ci, aujourd’hui défraient la chronique, désorientent toutes les institutions dont la mission est de combattre la corruption, et s’imposent à travers toutes les institutions publiques et privées sur l’ensemble du territoire national.

Les crimes économiques et financiers sont d’ordre public et tendent à ruiner le pays en matière économique avec des conséquences directes et immédiates sur toutes les sphères de la vie courante. À Haïti, malgré la présence de l’ULCC, l’UCREF, la CSC/CA, le MEF, l’IGF, le CNMP le phénomène des crimes économiques et financiers continue de plus belle. Face à cette situation, l’État haïtien est impuissant et le système judiciaire ne peut s’y attaquer pour être dès fois en connivence avec toutes celles et tous ceux dont les noms sont cités dans certains rapports et enquêtes anti-corruption.

Ainsi, dans cette recherche portée sur les crimes économiques et financiers comme obstacles structurels au développement d’Haïti, nous nous accentuons sur les conséquences d’un tel phénomène qui participe à l’état d’insécurité de toutes sortes dans lequel patauge le pays. Ce sera l’occasion pour nous d’en faire des propositions utiles pour un redressement positif de la barque fragile de la nation haïtienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La notion de criminalité économique ne date pas d’aujourd’hui (Queloz, 2002). Elle est née de grandes crises économiques que le monde a connues surtout à la fin du XXème siècle. En Europe, notamment en Allemagne, les conditions socio-économiques ordonnées par la bourgeoisie aux travailleurs étaient criminogènes, ce qui a entrainé un vaste mouvement de protestation qui donnera lieu plus tard à des crimes économiques et financiers (Berr, 2019). D’où, une discordance au niveau de la société subissant le poids et les conséquences de ce phénomène ne cessant d’être traité que ce soient dans les universités, dans les médias, que ce soient dans les lieux publics.

Dans le cadre d’Haïti, la criminalité économique et financière allait surtout connaitre son essor beaucoup plus élevé avec le détournement du fonds PetroCaribe à la fin de 2006 en passant par le gaspillage systématique des dons offerts à Haïti après le séisme dévastateur que le pays a connu le 12 janvier 2010. D’autres formes de criminalités économiques à Haïti continuent de se faire remarquer, dont : l’invasion fiscale, la fraude fiscale, l’escroquerie, la corruption, etc. L’ensemble de ces éléments qui concourent à intensifier et amplifier le phénomène de la criminalité économique à Haïti a des impacts négatifs sur l’ensemble de la société. Par ailleurs, des institutions régulatrices en la matière sont créées pour voir dans quelle mesure on pourrait freiner ce fléau, restent inefficaces voire inadaptées à la réalité des crimes commis tant sur le plan économique que sur le plan financier à travers le pays. Parmi ces institutions nous soulignons : ULCC, UCREF, CSC/CA, MEF, IGF, CNMP.

En effet, au niveau de ce travail de recherche, nous nous efforçons d’apporter des approches définitionnelles relatives à la notion de criminalité économique et financière, nous aborderons et étudierons l’impact négatif de cette notion sur les plans : social, politique, économique, sanitaire et environnemental à Haïti. Au-delà de cette recherche, nous nous posons les questions que voici : La criminalité économique et financière constitue-t-elle un obstacle structurel au développement d’Haïti ? Quels sont les facteurs structurels et institutionnels de cette forme de criminalité à Haïti ? Comment déterminer les techniques des criminels économiques à Haïti ? Quels sont les impacts de la criminalité économique et financière sur le corps sociopolitique et économique haïtien ? Quels sont les mécanismes à placer pour combattre ce phénomène sur l’ensemble du territoire national ?

Aborder le phénomène de la criminalité économique et financière à Haïti demande toute une compréhension de l’étude entreprise. Ainsi, pour mieux saisir le sens et la nature de ce phénomène, est-il extrêmement important de procéder à la définition des concepts formant cette thématique en passant par une revue de la littérature de la matière à étudier. Donc, dans cette partie du travail, d’une part, nous définirons la criminalité économique et la criminalité financière. D’autre part, nous éluciderons le phénomène de la criminalité économique et financière par rapport aux différentes recherches qui y étaient effectuées.

1.1 Approches définitionnelles de la criminalité économique

Pour Nicolas Queloz (2002), la criminalité économique est comme l’ensemble des activités illégales dont les spécificités essentielles sont, les suivantes : elle se déroule dans le contexte de la vie économique, des affaires et de la finance, et concerne aussi bien des entreprises et sociétés privées que des activités de l’Etat ou des entreprises d’économie mixte. Quant au professeur Jean-Luc Bacher (1997), la criminalité économique se situe à cette extrémité où la majeure partie des comportements délinquants sont à l’instar d’innombrables comportements respectables tués par l’envie de s’enrichir, par l’aspiration à plus de bien-être, par le goût excessif de luxe, par le souci d’améliorer des conditions matérielles ou de sécurité. En effet, la criminalité économique sont des pratiques détestables qui rongent le système politique, économique et social de manière sournoise et font partie des soubassements de la société (Guerrier, 2021). En fait, nous déduisons que la criminalité économique est l’ensemble des techniques déloyales utilisées et mises en place dans le but de contourner les normes légales relatives aux affaires publiques et privées au bénéfice des personnes qui s’y livrent.

1.2    Définition méritoire de la criminalité financière

La criminalité financière est un terme qui se définit de plusieurs manières selon le champ d’étude des auteurs (Dion, 2011). Ce qui prétend dire que la criminalité financière n’a pas une définition arrêtée. Cependant, le criminologue et sociologue américain, Edwin Sutherland (1949) créa l’expression de criminalité de ‘’col blanc’’ (white-collar crime) pour désigner le crime commis par une personne jouissant d’une grande responsabilité et notoriété sur le plan social, dans le cadre de ses activités professionnelles. Pour Chantal Cutajar (2010) l’expression de criminalité financière devrait désigner l’ensemble des actes volontaires ayant pour finalité et/ou pour effet de porter atteinte à l’ordre public économique et financier et justifier une réponse de l’État afin que soient prononcées les sanctions à l’encontre des auteurs, personnes physiques et/ou morales et que soit apportée réparation aux victimes. L’ITERPOL croit que La criminalité financière va du simple vol ou fraude commis par des individus malintentionnés à des opérations d’envergure orchestrées par des criminels organisés présents sur tous les continents. Entre autres, le crime financier est défini comme un crime qui est spécifiquement commis contre les biens. Ces crimes sont presque toujours commis dans l’intérêt personnel du criminel et impliquent une conversion illégale de la propriété des biens en cause[1]. Il est tout à fait évident de mentionner que la criminalité financière affecte la vie personnelle, professionnelle, virtuelle et réelle des personnes concernées[2].

Par rapport à toutes ces tentatives de définitions données à la criminalité financière, nous concluons que celle-ci est un acte illégal posé au niveau des finances publiques ou privées dont l’objet est de déstabiliser l’ordre économique.

1.3    La criminalité économique et financière à Haïti

Comme dans tous les autres pays, la criminalité économique et financière se manifeste de plusieurs manières tout en portant atteinte au développement et à la bonne marche de la société. Ceci étant dit, le phénomène de la criminalité économique et financière est mondial et mérite d’être pris en considération par l’État pour empêcher qu’il ne bloque le processus du changement et du progrès. En effet, à Haïti, ce phénomène se présente tant au niveau de l’administration publique qu’au niveau de l’administration privée. Ce qui revient à dire que le combat contre cette forme de criminalité n’est pas chose facile surtout avec des dirigeants.tes inconscients.tes et insouciants.tes face aux citoyens.nes ne sachant pas trop leurs droits et devoirs.

Parmi les crimes économiques et financiers les plus répandus dans le monde, retenons : Le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, la fraude, l’évasion fiscale, le détournement de fonds, la falsification, la contrefaçon et le vol[3]. La contrebande et la corruption sont des types de crime économique très répétés au niveau des pays du Sud et des Caraïbes, dont Haïti, et sont, entre autres, nées comme des obstacles structures au développement de ce pays.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parler de la criminalité économique et financière à Haïti exige une littérature autour de la contrebande et de la corruption dans le pays, sans écarter d’autres éléments de ce phénomène.

2.1 La contrebande à Haïti

À cause de la contrebande au niveau des frontières, Haïti accuse une perte de 400 millions de dollars américains chaque année, d’après Georges Sassine, président de l’Association Des Industries d’Haïti (ADIH, 2020). La Chambre Haïtiano-Américaine de Commerce (AMCHAM), la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti (CCIH) et la Chambre Franco-Haïtienne de Commerce et d'Industrie et Chambre de Commerce (CFHCI), font le même constat[4]. En effet, le Samedi 4 janvier 2020, neuf ressortissants livrés à la contrebande du « guaconejo » (Amyris balsamifera) appelé à Haïti ‘’bois chandelle’’ ont été arrêtés par l’armé dominicaine à ‘’Pedernales’’ alors que ces derniers étaient surpris de transporter ces matériels. L'huile extraite de ce bois est essentielle à la fabrication de certains parfums[5].

Des membres du Corps Spécialisé en Sécurité des Frontières Terrestres (CESFRONT) dans des opérations menées conjointement des membres de la Direction Nationale de Contrôle des Drogues (DNCD), ont intercepté deux camions fourgons sur le territoire dominicain en passant par le pont frontalier de ‘’Dajabón’’. Les deux camions ont été conduits à la forteresse ‘’Beller’’ pour y être réquisitionnés, en présence du procureur de la République, plus de 151.000 paquets de cigarettes en provenance d’Haïti ont été saisis[6].

2.2    La corruption à Haïti

Quant à la corruption à Haïti, cela est monnaie courante dans l’administration publique nationale. Malgré les instruments juridiques internationaux signés et ratifiés par Haïti relatifs à la lutte contre la corruption, malgré la Constitution du 29 mars 1987 amendée le 11 mai 2011, malgré la Loi portant prévention et répression de la corruption du 12 mars 2014, malgré le Décret du 08 septembre 2004 portant sur la création de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), malgré d’autres institutions relatives à la lutte contre la corruption à Haïti, dont : Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF), Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), Institution Générale des Finances (IGF) Commission Nationale des Marchés Publics (CNMP) ; ce phénomène ne fait que contribuer à l’échec développemental du pays.

La loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption, définit la corruption comme étant le fait par lequel un individu ou une personne morale, utilise sa fonction soit pour commettre des abus, soit pour garantir son propre profit ou celui d’autrui. La corruption est un cas particulier de relation pervertie entre l’Etat et la société et se situe à l’interface des secteurs public et privé (Rose-Ackerman, 1978) où des ressources publiques sont illégalement converties en biens privés (‘’World Bank’’, 1997 ; ‘’Transparency International’’, 1998). Elle dérive de la criminalité économique et financière, dont les conséquences sur le plan social, politique, économique sont totalement dévastatrices.

En effet, depuis 2002 ‘’Transparency International’’ utilise des indices de perception de la corruption pour démontrer le niveau de corruption à Haïti. En 2002, Haïti était la 13ème société la plus corrompue sur 102 pays. Entre 2003 et 2008, Haïti était classé comme l’un des trois pays les plus corrompus de la planète. En 2010, Haïti est placée 146ème sur 178 pays soit le trente-deuxième (32ème) pays ayant l'indice de corruption le plus élevé. En 2011, Haïti est placée 175ème sur 182 pays le septième (7ème) pays ayant l'indice de corruption le plus élevé. En 2012, Haïti est placée 165ème sur 174 pays soit le neuvième (9ème) pays ayant l'indice de corruption le plus élevé. En 2013, Haïti est placée 163ème sur 175 pays soit le douzième (12ème) pays ayant l'indice de corruption le plus élevé. En 2014, Haïti est placée 161ème sur 174 pays soit le treizième (13ème) pays ayant l'indice de corruption le plus élevé. Dans le rapport ‘’Doing Business 2020’’ publié par la Banque Mondiale, Haïti est classé en 179ème sur 190 pays les plus insolvables du monde. Il (Haïti) est aligné par ‘’Transparency International’’ en 170ème rang sur 180 pays les corrompus du monde en 2020.

À Haïti, ces derniers temps, la corruption se fait sentir par le scandale ‘’PetroCaribe’’ divulguant le gaspillage de plusieurs milliards de dollars américains. D’autres scandales de corruption à Haïti après les élections de 2017, dont, ‘’Dermalog’’, des kits scolaires et les taxes illégalement prélevées sur les appels et transferts de la diaspora débuté sous la présidence de Joseph Michel Martelly jusqu’à date, ne sont pas expliquées par la justice haïtienne. Ce qui donne raison à l’ex-président d’Haïti, Jovenel Moïse, assassiné dans la nuit du 06 au 07 juillet 2021 dans sa résidence privée, Pèlerins 5, Port-au-Prince, de déclarer au cours de son passage à Paris en décembre 2018 : ‘’la corruption est un crime contre le développement[7]’’.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       3.1 Sur le plan éducatif

À partir des données recueillies, il ressort qu’en 2005, 2.7 millions d’enfants de 0 à 18 ans haïtiens n’ont pas d’accès à au moins un des services sociaux de base connus, 23 sections communales n’ont aucune école et 145 (en 2007) n’ont pas d’école publique. Sur 122.311 élèves admis au secondaire en 2004, seulement 81.709 d’entre eux, soit 66.8% de l’effectif ou 18% de la cohorte de départ, ont été reçu au secondaire compte tenu de la limitation de la capacité de l’accueil de ce niveau d’enseignement ; pendant que la UNICEF fait de la promotion pour le droit de l’enfance en Haïti[8].

2.3      Sur le plan sanitaire

Au niveau sanitaire, les ressources humaines sont limitées et mal réparties à travers le territoire. Seulement 2.5 médecins, une infirmière, 2.5 auxiliaires pour 10.000 habitants, avec 7 pour 1000 à Port-au-Prince et à peine 0,2 pour 10.000 à la Grand ‘Anse. Alors que la norme de l’OMS est de 25 ressources humaines pour 10.000 habitants[9].

2.4      Sur le plan nutritionnel

La dernière enquête d’EMMUS IV établissait les taux respectifs de 23.8% et de 9.1% pour les formes de malnutrition chronique et aigüe. La situation est deux (2) fois plus graves en milieu rural que dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. L’état des carences en micro-nutriments contribue à aggraver la situation : 61 % des moins de 5 ans et 46% des femmes sont atteints d’anémie. 1/3 des enfants des moins de 5 ans (33%) présente une carence en vitamine A, taux significativement plus élevé que le seuil de 15% considéré comme acceptable ; 59% des enfants de 6 à 12 ans présentent une déficience en iode, taux également plus élevé que la limite admise de 50%[10].

      3.4 Sur le plan instructif

Nous pouvons lire dans le rapport de 2018 d’EMMUS ce qui suit : ‘’Globalement, 13 % de femmes et 9 % d’hommes de 15-49 ans n’ont aucun niveau d’instruction. A peu près la même proportion des femmes (7 %) et des hommes (10 %) ont un niveau d’instruction supérieur. Plus de trois quarts des femmes (78 %) et 8 hommes sur 10 (83 %) sont alphabétisés’’

3.5  Sur le plan de développement humain

Le dernier Indice de Développement Humain (IDH) utilisé dans le Rapport sur le développement humain 2014 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) publié dans la capitale japonaise, Tokyo, au quartier général de l’Université des Nations unies, a permis de voir l’état critique de la situation d’Haïti. Dans le rapport d’IDH, Haïti occupe la 168e place sur 187 pays analysés. En 2013, elle était à la 161e place sur 186 pays. En 2010, elle occupait le 145e sur 169 pays[11].

Aujourd'hui, la qualité de vie des citoyens.nes est très précaire. La gourde est totalement dévalorisée face au dollar américain, ce qui a un impact critique sur le pouvoir d'achat du peuple haïtien, le pays étant soumis à l'importation de plus de 75 % des produits de première nécessité. Selon le rapport du Programme des Nations-Unies pour le Développement, sur le Développement Humain de 2014, intitulé : Pérenniser le Progrès Humain : réduire les vulnérabilités et renforcer la résilience, le faible indice de développement humain d'Haïti la place 168ème sur 187 pays examinés, soit le 19ème pays avec l'indice de développement humain le plus bas[12].

Haïti est aussi le pays le plus pauvre de l'Amérique. Le taux de satisfaction vis à vis du niveau de vie est de 17 % alors que la satisfaction de vie globale de la population est notée à 4.4 sur 10 en 2014 contre 3.8 sur 10 dans le rapport précédent du PNUD sur le Développement Humain de 2013 intitulé l'Essor du Sud : le Progrès humain dans un monde diversifié. 65% des personnes âgées de quinze (15) à soixante-quatre (64) ans ont un rapport total de dépendance pour la satisfaction de leurs besoins prioritaires[13].

3.6  Sur le plan économique

Le taux de chômage en Haïti est estimé par les plus flexibles à 41 %. Selon la Banque Mondiale, plus de la moitié de la population dispose d'un revenu d'un (1) dollar américain par jour alors que 78 % de la population vit avec moins de deux (2) dollars américains par jour. Selon l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI), le taux de croissance du pays par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB), est estimé, pour l'année fiscale 2013-2014, à 2.8 % contre 4.2 % pour l'année précédente[14].Ces statistiques présentent à elles-seules le niveau de précarité des conditions de vie de la population.

Des rapports ont été élaborés sur la situation lamentable dans laquelle se trouvait et se trouve encore le pays. Ainsi, lisons-nous avec le Réseau National de Défense des Droits de l’Homme (RNDDH) après le gaspillage systémique du fonds alloué pour la reconstruction d’Haïti post-séisme du 12 janvier 2010 :

Aucune amélioration nette des conditions de vie de la population n'a été remarquée puisque cette révision très prudente du salaire minimum est aussi accompagnée de la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. La pauvreté devient palpable. Dans les rues, les mendiants se multiplient. La dégradation accrue des conditions de vie de la grande majorité de la population oblitère les programmes sociaux qui en fait sont des tampons inefficaces, même pas capables de soulager la misère de la population[15].

3.7  Sur le plan politique et sécuritaire

Le pays fait face à une mauvaise gouvernance systémique et systématique dont les conséquences sont majeures sur la qualité de vie de la population. Cette mauvaise gouvernance engendre :

-       Une insécurité généralisée

-       Le non-respect des droits humains

-       Une instabilité politique chronique

-       Le Sous-développement

-       La pauvreté extreme[16].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De tout ce qui précède par rapport à nos recherches relatives à la manifestation de la criminalité économique et financière dans la société haïtienne, nous sommes en droit de conclure que ce phénomène constitue un obstacle structurel au développement d’Haïti. Les conséquences fâcheuses de ce phénomène sont très visibles dans le milieu haïtien et déstabilisent la bonne marche de nos institutions. Par leurs puissances, les facteurs accablants de la criminalité économique et financière à Haïti placent le pays sur la pente du sous-développement total dans le monde.

Pour résoudre le problème de la criminalité économique et financière qui ronge l’administration publique et privée à Haïti, entre autres, il faut que l’État renforce le système judiciaire en le rendant vraiment indépendant des autres pouvoirs établis, contrôle les frontières pour stopper le phénomène de la contrebande, augmente l’effectif de la Police National d’Haïti tout en ayant une politique publique en faveur des agents policiers, paie les employés de l’administration publique à temps et de très bonne manière, ait recours à la compétence au lieu de s’accrocher à la militance, etc. Une fois que l’on arrive à pratiquer l’ensemble de ces recommandations et propositions utiles, on parviendra à avoir une société qui ne soit nullement contrôler par des criminels économiques et financiers.

 

 

 Identification et parcours de l’auteur :

Delcarme BOLIVARD

 

-          Avocat Militant

-          Doctorant en Criminologie

-          Conseiller à l’OABCH

-          Responsable de Défense

Communautaire à Kay Dwa/Kay Lwa

-       Doyen de la Faculté des Sciences politiques, Relations Internationales et Diplomatie à l’Université Libre d’Haïti (ULH)

-          Professeur d’Universités

-          Auteur





 

 

 

 

 

 

1-      Bacher, J.-L. (1997) : Éditorial : criminalités économiques. Criminologie, 30 (1),3-8. https://doi.org/10.7202/017394ar, consulté le 09/10/2021 à 12 hs PM

2-      Éric Berr : Le système capitalisme selon Marx, in Macroéconomique, Chapitre 2, mis en ligne sur Cairn.info le 11/05/2020 https://doi.org/10.3917/dunod.berre.2019.01, consulté le 10/10/2021 à 11 hs AM

3-      https://doi.org/10.2307/2572656, consulté le 10/10/2021 à 13 hs

4-      https://dres.misha.cnrs.fr/spip.php?article247, consulté le 11/10/2021 à 15 hs

5-      https://id.erudit.org/iderudit/017394ar, consulté le 11/10/2021 à 10 hs AM

6-      https://www.erudit.org/en/journals/crimino/1900-v1-n1-crimino943/017394ar.pdf , consulté le 08/10/2021 à 14 hs

7-      https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2002-3-page-58.htm, consulté le 12/10/2021 à 13 hs

8-      https://www.usherbrooke.ca/toxicomanie/nous-joindre/personnel-enseignant/charges-de-cours/archives/dion-, consulté le 13/10/2021 à 14 hs

9-      OMD, Rapport : Haïti guide des indicateurs, 2014

10-  Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) 1, Rue Monjoli, Turgeau, Port-au-Prince, Haïti W.l/ B.P 19181

11-  PNUD, La bonne gouvernance : un défi majeur pour le développement humain durable en Haïti, Rapport national sur le développement humain. UNDP-Haïti, 2002.

12-  PNUD, Rapport : Haïti pas à pas, 2012

13-  PNUD, Rapport : Haïti un nouveau regard, 2013

14-  PNUD, Rapport : Haïti produits uniques et les potentialités, 2014

15-  PNUD, Rapport : Haïti à l’horizon de 2030, 2014

16-  - PNUD-HAITI, Bilan commun de pays, Port-au-Prince, 1999.

17-  Rapport mondial sur le développement humain, 1997 à 2002

18-  Rapport semestriel sur les droits de l’homme en Haïti Janvier - Juin 2013 Septembre

19-  Rapport semestriel sur les droits de l’homme en Haïti Janvier – Juin 2014

 

 

 

 



[2] Op.cit

 

[8] . République d’Haïti, DSNCRP, 2008-2009

[9] . Ibid.

[10] . MSPP-OMS-UNICEF 2005

[11] . http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/articleprint/133855.html Haïti sur la très mauvaise pente, (Éditorial) Le Nouvelliste | Publié le : 24 juillet 2014

[12] . Evaluation de la situation du pays cinq (5) ans après le séisme du 12 janvier 2010 Rap. /A15/No01 9

[13] . Ibid.

[14] Ibid.

[15] . Réseau National de Défense des Droits de l’Homme (RNDDH) : Commentaires sur : Evaluation de la situation du pays cinq (5) ans après le séisme du 12 Janvier 2010

[16] . Idem



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