jeudi 23 mars 2017

Boutèy Kleren'm

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Nan mitan chan kann a yè,
Plante, rekòlte pitimi.
Se la nou kwaze,
Se la ou fè'm depale,
Se la ou fè'm michan,
Se la ou fè'm bòzò.
Anba ponyèt mwen ou kache,
Mwen refize separe'w.
Se ou ki ban'm nan'm
Se ou ki ban'm fan'm.
Ou fè'm kodjòm
Tankou manman tanbou.
Mwen sèmante, ou se medikaman'm.
Kout manchèt, kout pikwa
Pèdi lavi nan lanmò klere'm.
Tèt mwen lou, mwen santi m'ap chavire,
Mwen tonbe radote, mwen tonbe rablabla.
"Ay! Boutèy mwen o,
Tu m'as toupizoup, tu m'as fouke devan.
Tu m'as toufonnen, tu m'as chifonnen".
Je'm pèdi koulè, bav ap koule.
Mwen kilbite, mwen di wi pou non.
Me dan'm, me ran'm.
Pike kole, vole lajan'm.
Mwen bliye non'm, ou fè'm kazwèl.
Mwen tonbe nan won, tonbe atè.
Pyafe, kraze brize ak boutèy kleren'm.
Ke mwen pran pou 10, ke mwen pran pou 15,
Ke'l te boutèy nwè, ke l te jòn,
Ke'l te nan bak, ou l te nan kab,
Li toujou regle zafè'm.
Mwen pa kon'n lanwit ni lajounen
Mwen pa kon'n semèn ni ton nwèl,
Se sèl boutèy kleren'm, mwen konnen.
Boutèy kleren'm, se ou ki koz.
Boutèy lanni'm, se ou ki fè sa.
Boutèy tafya'm, se ou ki fè'm kaladja.
"Ay! boutèy mwen o, tu m'as flanke atè.
Tu fout mwen yon bikòs, yon bigidap, yon pakala.
Tu m'as toufonnen, tu m'as chifonnen.
Pyafe, kraze brize ak boutèy kleren'm".

19/03/2017
10 hs 44 (heure locale)

mercredi 15 mars 2017

Oraison funèbre

encrejournal
 Révérend Pasteur Voltaire JOSEPH
Autorités  ecclésiastiques
Roderson Christian Ambroise, mon neveu
Famille affligée
Différents groupes et chorales de support
Amis attristés
Mesdames, mademoiselles et messieurs.

Publiquement, JE DIS MERCI BEAUCOUP à Ronèl Ambroise pour ce qu’il a été pour moi pendant son vivant. Je savais le lui dire bien avant que son âme soit rendue à Dieu. Et au moment de la traversée du désert, Ronèl gardait encore pour moi des secrets qui s’échappent de la compétence de grands rois et de grands prophètes. Pour tout, et pour ce dont je ne me souviens pas, JE DIS MERCI BEAUCOUP à Ronèl Ambroise. 
Chaque personne de cette assistance, retient Ronèl Ambroise en souvenir pour quelque raison que ce soit. Chaque participant ici-présent, songe à une aventure positive réalisée avec Ronèl Ambroise. L’Homme est imparfait, Dieu seul est grand. Et s’il était donné à chaque personne de cette grande assemblée de rendre un ultime hommage ou de raconter en un tour de main un moment vécu avec Ronèl, cette journée serait insuffisante et chacun dirait à sa façon comment on avait bénéficié de quelque chose de bon de la part de lui.
En 1990, pour découvrir la beauté de sa zone natale, Dubré, 1ère section communale de Milot, Ronèl Ambroise m’y accompagnait et en avait profité pour me parler de l’Equipe de football de l’Argentine. Il m’avait convaincu d’être fans de cette sélection sans que j’aie eu vraiment de connaissance en la matière. Il y a de cela 27 ans.
Mes premières phrases en français, m’ont été dictées et acquises par Ronèl Ambroise. Il m’a appris à jouer à la guitare et m’a aidé à résoudre les numéros de mathématique les plus difficiles. Ronèl, homme de confidence, plébéien, serviteur de la société, ami du bien et du savoir. Ronèl, crois-moi, tu seras bien reçu par le Dieu tout puissant dans son royaume.
Mesdames, mademoiselles et messieurs.    
Le corps lugubre de cet homme que vous voyez ici, enveloppé dans le linceul mortel d’aujourd’hui, cet homme logé inerte dont l’existence fut trahie par une rude maladie à laquelle il n’a jamais pensé ; cet homme cher était pour moi un beau frère, un frère, le parrain de mon mariage, mon principal conseiller, ma confidence, oui, il était ma confidence. Cet homme, livré à un combat vital, achève sa course et brandit son courage pour retourner d’où il est sorti afin de rencontrer son Dieu, le père tout puissant, le créateur de l’univers.
La nouvelle de la mort de mon cher parrain, Ronèl Ambroise (Que son nom soit béni), fut connue par plusieurs autres personnes avant moi et surtout avant son fils, Roderson Christian Ambroise. Quand cette nouvelle m’a été transmise par l’un de mes amis de la cité, j’en ai perdu la tête, j’en ai pleuré. Soudain,  ma force et mon courage s’écartent de moi et je me suis demandé pourquoi vivre s’il faut mourir un jour. Par cette perte douloureuse, je me questionne sur la finitude de l’homme. En effet, mon ami beau-frère, Charles, ainsi appelé par ses intimes, comprenait et acceptait sans ambages d’appliquer l’essence de l’égoïsme qui veut que l’on doive mourir pour laisser vivre quelqu’un d’autre. Mon fils neveu Roderson, sache que tu es le prix et la victoire du départ mortel de ton père.
Mesdames, mademoiselles, messieurs, les affligés
Pendant que le deuil et le chagrin vous crèvent le cœur par la perte d’un homme qui nous était tous cher, quatre (4) grands évènements ont marqué la présence de Me Ronèl Ambroise dans ma vie. Ces quatre (4) évènements se convertissent en quatre (4) grandes raisons pour lesquelles je prends à l’instant présent la parole. C’est vrai, je n’ai pas l’art de Nicolas Boileau, non plus, celui qui maitrise l’art scénique, toutefois, par la volonté et le désir, je vous présenterai sommairement l’ensemble de ces raisons :
‘’Je voudrais que tu deviennes un lycéen comme moi’’, me disait celui que vous voyez ci-gît dans ce cercueil, c’était en 1996, il y a de cela 21 ans. Il m’a tendu la main, m’a accompagné jusqu'à l’embrassure du Lycée National Philippe Guerrier de Cap-Haïtien en me donnant cinq (5) gourdes pour m’y faire inscrire. Je songe à cela, comme si c’est aujourd’hui. C’en est la première raison. Vas en paix mon cher ami !
Sept (7) ans plus tard, soit en 2003, encore ce même Ronèl Ambroise, m’a pris par la main tout jeune que j’ai été, pour m’emmener à la Faculté de Droit des Sciences Économiques et de Gestion de Cap-Haïtien (FDSEG-CH) question de m’inscrire avec ses propres moyens économiques à la Fac de Droit, en me disant ce qui suit : ‘’Mon petit-frère, tu dois être un Avocat’’. Je pense à cela, comme si c’est aujourd’hui. C’en est la deuxième raison. Vas en paix mon cher conseiller !
Au nom de ma sœur morte, je parle de toi aujourd’hui, Me Charles. Au nom de ta femme mariée défunte, pour qui tu as témoigné beaucoup de respects, parce qu’après même sa mort tu continues à l’aimer, tu continues à garder pour elle un souvenir inoubliable en ne te mariant jamais à une autre femme, pour sauver son honneur et ses folles amours à ton égard jusqu’à ce que tu la rejoignes dans l’au-delà de l’existence. Marié en 1996 à un moment où le pays connaissait toutes sortes de crises, Ronèl, là où tu es, tu contemples encore ma très chère feue sœur qui t’aimait beaucoup. Il y a de cela 21 ans. Cela me monte à l’esprit comme si c’est aujourd’hui. C’en est la troisième raison. Vas en paix mon beau frère.
 Mesdames, mademoiselles, messieurs, les affligés
La quatrième et dernière raison pour lesquelles je prononce cette oraison funèbre, c’est pour honorer la mémoire de mon parrain de mariage au nom de mon neveu, fils et petit frère, Roderson Christian Ambroise. Je  m’exprime pour lui dans cette circonstance lamentable. Lui qui saura que le sens de la vie dérive de l’incapacité de l’Homme de résister face à la mort. Lui qui, dis-je, par la fermeté, acceptera de continuer à vivre au-delà de la souffrance et de la nostalgie. Lui qui saura que ‘’la vie signifie tout ce qu’elle a toujours été, et que le fil n’est pas coupé’’[1], il y a juste une autre histoire à vivre et à raconter. Crois-moi, vivre c’est souffrir et ‘’quand une étoile s’éteint, elle n’éteint pas le ciel’’[2] a dit l’autre.
Je ne m’en voudrais pas terminer sans envoyer mes sincères condoléances aux courageux membres de la famille AMBROISE, DOUDOU, JEAN, SYLVESTRE, JOSEPH, sans oublier l’effort de ma sœur Mimose dans la course de souffrance insupportable de Me Charles, laquelle souffrance l’a emmené jusqu’ici.
Pierre Corneille eut à dire : ‘’ Qu’à chaque pas, l’homme est beaucoup plus proche de la mort que la vie’’. Et Job, le souffrant d’enchérir : ‘’Avant d’être né, l’Homme était déjà trop vieux pour mourir’’. ‘’L’homme est un souffle debout’’, déclarait Blaise Pascal. Ainsi : Me Charles :
Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d’avoir quelquefois pleuré[3].

Si je parle c’est pour me faire entendre et comprendre. Si je pleure c’est parce que je suis attendri. Vas en paix Ronèl Ambroise !

04/03/2017
Delcarme BOLIVARD, Av/MA
5 heures 6 PM. Heure locale.
Prononcée le 06/03/2017
Par moi : Delcarme BOLIVARD, Av/MA
A : La 1ère Eglise Baptiste de Cap-Haïtien, rue 14 K.




[1] . HENRY Scott-Holland : Poésie, Je suis juste de l’autre côté du chemin.
[2] . MICHEL Sardou: Chant, Espérer
[3] . ALFRED de Musset: Poésie, Tristesse

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