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Le
président Jacenauld Luvedari, dans sa belle chambre, se plonge dans la terreur
par les mauvaises nouvelles apprises de la part du peuple haïtien. Sa femme est
aux abois du courage regrettant sans se plaindre d’avoir accepté et choisi un
tel homme.
Le
palais national troublé par des menaces de toute sorte. Le soleil se cache,
laissant après lui des pleurs aux cœurs et dans les yeux. Ainsi, se fait
entendre la chanson :
‘’
Lèm pa wè solèy la (bis)
Mwen paka leve e,
Mwen paka dòmi i,
Kèm pa kontan
Mwen paka ri’’.
Ti Kòd s’installe
dans une chambre spéciale où son père défunt savait prier les gros loas. Les
yeux fermés, il récite des oraisons de Saint-Michel Archange.
- Simantò.
Simantò oui, viens me trouver. Appelle Ti Kòd l’un de ses plus beaux amis
gendarmes.
- Son
excellence. Fait le gendarme.
- Où est
ma femme ?
- La
première dame ?
- Oui.
- Elle
doit être là, dans l’autre chambre entrain de se vêtir pour venir au près de
vous.
- Dis-lui
de m’apporter le petit appareil de l’autre salle.
- Oui
chef, à vos ordres !
Il se
déplace dans le but de transmettre le message qui lui est confié. Trois pas
après, il retourne au prés de Ti Kòd et lui dit :
- Son
excellence, à vos ordres !
- Quoi
d’autres ?
- Vous
m’avez oublié de dire de quelle chose s’agit-il exactement.
- Le
petit appareil dans lequel on voit des hommes qui émeuvent.
- C’est
son nom ?
- Allez
imbécile ! Va le lui dire. Répète énervement Ti Kòd.
A force
de penser et truffé de tresse, le président Jacenauld arrive à oublier le nom
de l’appareil mais, sa femme très calme saura de quoi veut-il parler. La
première dame, aidée par le gendarme ; apporte le téléviseur à Ti Kòd.
- Merci,
ma femme intelligente.
Sans
perdre de temps, le président Jacenauld fait alimenter l’appareil de l’énergie
et dans lequel le peuple qui manifeste avec de grandes pancartes comportant le
portrait déformé de Ti Kòd: tête avec de grandes oreilles comme celles d’un
lapin et le reste du corps comme celui d’un chien avec sa longue queue.
- Quoi ?
Moi-même ? S’interroge étonnement le président.
Il court
dans la grande salle, et bien vite il se fait trouver un miroir l’aidant à
percevoir tout son corps.
- Moi-même
ça ?
Il
touche la tête.
- Moi,
moi, moi, même ça ?
Il marmotte.
Il
touche ses fesses pour vérifier si effectivement il a de queue.
Pour
toutes ces raisons, je vais foutre détruire toute la masse. Heu ! Où
êtes-vous ? allez, tuez tout ce que vous voyez.
‘’ ABA JACENAULD,
VIV LIT PEP LA’’
‘’ MINISYEN
SE CHYEN, BANN VORAS’’
‘’ LAVIDURE
MANJE KAKA’’
‘’ RACHE
MANYOK OU BANN PEYI-A, VISYE, SAN NANM’’
Autant
de propos incongrus s’écrivent en lettre majuscule sur presque toutes les
murailles de la République. Des pancartes et slogans mal saints pour induire le
pouvoir des Luvedari dans le monde infernal. Les pneus sont dresses dans tous
les racoins du pays. L’attaque violente du peuple qui se venge de ses remords.
C’est l’ère de ‘’ dechoucage’’. Toutes les activités sont paralysées pour de
bonnes causes.
Dans
toutes les rues, une seule chanson à la mode ; la femme de Jacenauld qui
complote avec son père dans le cadre de l’engloutissement de la jeunesse
haïtienne.
‘’ Minou Tinete, I m sorry for yo
Se nan video wap gade sakap pase;
Ou voye papaw al achete yon bonm New York,
Pou elimine tout jenès an
Haïti.
Lèw fè
sa, ma pèw
Paskew
se makout ou konnen ou ka kraponnenm,
Ou
rale wouziw la, mwen big-up sou ou,
Ou
rale baton gaïc la, mwen relax sou ou’’.
Cette
chanson parcourt tout le territoire et moindre effort on peut la chanter.
De
l’autre cote, les miliciens continuent faiblement d’exercer leur capacité en se
tenant quelque fois fermes et en unissons ils chantent :
‘’ Alaso
grenadye’'
Saki mouri zafè a yo.
Pagen
manman, pagen papa,
Saki mouri zafè a yo’’.
Ils ne
craignent de rien, même quand dans la mêlée leurs tripes sont pendues à la
flèche des palmistes.
Sovè ne
cesse de lutter sans être fatigué. Il ravage et tue à la connaissance de son
esprit d’antan. Les soldats ; dirions mieux, les assaillants de Sovè sont
sans pitié pour les bourreaux. Ceux-là n’ont qu’un but, celui de se venger des
haïtiens injuriés et se débarrasser le pays de ces sanguinaires pour un
lendemain meilleur.
Dans le
Nord du pays, plusieurs autorités politiques sont démissionnées sous les
pressions incontestables du peuple. Certains d’entre eux, en plein air,
déclarent n’avoir jamais fait partie du
régime duvaliériste. D’autres s’enfouirent toujours avec leurs orgueils formés
du pouvoir sanguinaire de Lavidure. Le V.S.N (Volontariat pour la Sécurité du
National) est devenu ; Victoire Sensible de la Nation, et ébranlé sous la
colère du peuple.
La
tension s’intensifie par degré dans tous les quartiers de la cité
Christophienne : ‘’Cité Lescot, la Fossette, Nan Bannann, Chada, Bas
Ravine, La Violette’’, tous furent complètement troublés et bouleversés par un
peuple qui réclame justice de leur vie.
Des
flammes grimpent les nuages comme l’anolis en surveillance qui traverse la
limite d’une branche d’un arbre pendu jusqu’à terre. Le peuple s’investit les
casernes comme leur bien et profite du temps également pour piller certains
gros magasins de la place, sous couleur que leurs propriétaires sont des
macoutes qui fortifient en argent et en nourriture les miliciens de toutes
qualités.
- Barrez !
C’est bien l’un d’entre eux. Répète énergiquement Sovè qui court tors nu, à ses
cotes, deux vaillants soldats ; à chacun une machette et un pneu.
- J’ai
dit c’est bien l’un d’entre eux car, sa manière le prouve. Identifiait Sovè.
- Je ne
suis pas milicien !
- Eh !
C’est qui ? Demandait Sovè, ne voulant pas laisser le premier.
- Simple
haïtien.
De cette
réponse, un coéquipier de Sovè sans s’adresser à son chef, lance un pneu au cou
du milicien, comme l’on attrape un bœuf sauvage au moyen d’une corde.
- T’en
prie. Fait le milicien qui essaie de s’échapper toujours avec le pneu au cou.
De la
gazoline à allumette ; feu. Dégage un ami de Sovè.
Travers le pneu, on introduit de la gazoline
suivie d’une boite d’allumette bien pleine. Depuis des tresses de cheveux
jusqu’aux orteilles, s’allume un feu vif mitigé de graisse du milicien, sous un
bruit expliquant celui du maïs en plein huile d’une chaudière chaude.
- Oh !
Pitié.
C’est le
dernier mot qu’il arrivait à prononcer faiblement.
La
troupe de Sovè traverse la grande rue, et du même coup rencontre un autre
milicien. Cette foi-ci sans tarder, l’on enfonce un morceau de bois à son anus.
Une pierre sur la poitrine d’un autre, un coup de machette au visage.
Avec
force, ils prennent le Nord, disons plutôt le Grand Nord car, en même temps
l’opération se fait dans toutes les zones périphériques et toutes les communes
de cette position.
Le soir
fut arrivé mais, personne ne sait où se loger. Sovè est furieux par ailleurs,
il a toujours du respect pour Saint-Julia qui est la porteuse de la nourriture
et du breuvage pour fortifier les gens de l’armée de Sovè.
- ‘’ Kenbel, barel’’. Répète l’un des soldats de Sovè en pleine nuit, voyant non loin de lui un homme.
- A moi
secours.
- Il est
un milicien.
- Pas
vrai.
- Je
vais te fouiller. Avançait Sakitwòp, un confrère de Sovè.
Il met
debout le prétendu milicien puis, il commence à actionner.
Dans des
poches de pantalon, deux mouchoirs très chiffonnés de couleur rouge et
noire ; dans sa poche de chemise, un cigare et une photo de Jacenauld
Luvedari.
- Il est
franchement un milicien. Confirmait Sakitwòp.
- Pas
moi seul, bien d’autres hougans le sont aussi, à titre d’exemple, Pananyen le
plus célèbre hougan, cache chez lui des miliciens les plus chevronnés que moi.
- Quoi ?
- Merde !
Merde !
- Deux
coups de poignards à la poitrine.
Sovè
excité, contourne les yeux jusqu’à inviter ses hommes à se rendre chez le
hougan Pananyen pour avoir trahi l’idée patriotique. Sans retarder, ils furent
arrivés furieusement sur l’habitation de Pananyen. Dieu soit loué, le hougan
Pananyen, ayant appris peut-être cette visite rageuse, prenait le marquis lui
et sa famille.
- Cararó !
Il est déjà parti.
- Incendiez-moi
le houn for.
Bonne
exécution, et on a réduit en cendre le ‘’badji’’ de Pananyen.
Il faut
marcher prendre les autres.
L’idée
est rependue sur tout le territoire. On tuait les hougans, les badjikans, les
lougarous, les bizngos, les venblendengs et on avait même ‘’déchouqué’’ les
homosexuels.
Le
peuple chante en cœur :
‘’ Dechoukaj
la poko fini,
Anwo palè-a, chaje-k makoute’’.
Dans
toutes les stations de radio, tant dans les provinces qu’à la capital;
plusieurs compositions musicales engages étaient en vogue.
‘’ Tout
milicien ki lòt bò dlo, merite jugé ;
Bare, bare, bare bann kriminèl yo
Yo merite jugé’’.
Le Grand
Nord fut ravage et le peuple commençait à crier victoire en fredonnant un air
d’apothéose.
‘’Jacenauld
Lavidure, papaw te diw
Depi Okap frape, se pouw rale dadaw’’.
Cette
chanson traduit déjà la victoire du peuple sur le régime duvaliériste puisque
la ville du Cap-Haïtien enfin tombe sous la domination honorifique de Sovè.
La joie
pour le peuple qui sourit et qui se venge de ses remords, alors que pour les
miliciens c’est la tristesse, c’est la fuite. ‘’Un temps pour chaque chose et
chaque chose a son temps ; dit la sainte parole’’.
Sovè et
les autres s’arrangent pour la dernière attaque qui se fera à coup sûr à
Port-au-Prince, zone privilégiée des Luvedari.
Au sein
de la capitale d’Haïti, de nombreux haïtiens partent déjà au pays de l’au delà.
De ce nombre, on n’à qu’à distinguer la quantité de miliciens qui sont tués par
la colère intouchable du peuple. Pourtant cela n’empêche aux autres de
continuer de proférer sur l’avenir du peuple haïtien. En rang, toujours les
mêmes vêtements ; avec les mêmes idéologies.
‘’ A laso
grenadye
Sa ki mouri zafè a yo,
Pa gen manman, pa gen papa,
Sa ki mouri zafè a yo’’.
Cette
chanson fleurissante, leur donne beaucoup de forces et de courages pour lutter
en faveur de leur pouvoir.
- A
vie ! Fait l’un.
Mais
l’équipe est si faible, on ne peut entendre que deux à trois voix fin dolentes
répétant.
- A vie,
à vie.
Il était
dix heures du matin quand le peuple se massait devant le portail du palais
national après avoir fini de ravager toutes les casernes et d’éliminer tous les
tontons macoutes. Armes en badition, il réclame la tête de Ti Cod tapis en
tremblote à rebord d’une fenêtre du palais en train de regarder avec
humiliation la réaction sanguinaire d’un peuple ayant souffert de toute son
existence.
‘’ Nou mande,
nou mande
Fòk Jacenauld ale’’. (Bis)
Le
peuple acharné, veut pénétrer le palais, mais, retenu sous les ordres de Sovè.
Certains d’entre eux, pour exprimer leurs colères s’introduisent à vandaliser
les grandes œuvres artistiques du pays. D’autres, émeuvent pour prendre le
président. On défonce le cadenas du portail, on entre dans la cour du palais.
Sovè à la tête, se dirige là où il aperçoit l’hombre noir de Ti Kòd
- Je
vous en prie, ne me tuez pas. Parle Ti Kòd en voyant venir la colonne de
personnes au prés de lui.
- C’était
mon père, ce n’était pas moi. Accordez-moi une chance, je vous donnerai de
l’argent et tout ce que je possède.
- Ma
femme ? Elle est belle, elle est là. Je peux vous la passer ?
- Mes
voitures ? Vous ne les aimez pas. Encore puissé-je vous les donner ? Mes
argents ? Mon pouvoir ? Ce n’est rien si vous en voulez. Laissez-moi
aller les chercher pour vous.
Ti Kòd commence
à déparler sans même encore être fouetté et interrogé.
- Silence !
- Oui,
de mes bien, lequel désirez-vous ?
- Silence,
dis-je !
- Bonpasòt.
Appellait Sovè.
- Plait-il
commandant.
- Prenez-le
et au travers de son cou, passe une corde.
L’exécution
de cet ordre, on prend Ti Kòd, on le traine avec ses deux bras liés jusqu’au
dos. On le bouscule, on le gifle, on le frappe à la tête jusqu’à ce qu’il fasse
un cri perçant le mystère de la vie. On le traine jusqu’au dehors du palais et
on l’expose ; la tête abaissée, sueurs au front, salives à la bouche, sur
la grande place ; disons mieux sur le champ de mars.
‘’MEN
KRIMINEL LA ‘’, crie le peuple.
Après
bien des minutes, on embarque ce dictateur et sa femme à bord d’un avion pour
un pays lointain ; le corps hache menu, regret à l’esprit.
Une
deuxième révolution du peuple haïtien, une deuxième indépendance. La chanson se
dit ainsi et bien connue de tous :
‘’7 février, avan
solèy levé,
Ayiti libere, dezieme endepandans’’
Ce fut
un véritable soulèvement avec pour chef en tête Sovè bien assisté de sa
marraine Saint-Julia et les autres. Le peuple s’embrasse, c’est la réconciliation ;
une nouvelle vie pour un nouvel espoir.
Après un
an, soit en 1987 de cette grande révolte, un nouveau vent d’espoir souffle le
cœur et l’esprit de tous les haïtiens. C’est le recommencement de la vie dans
son devoir et obligation. Bien des hommes qui ont abandonné le pays pour
n’avoir pas voulu exterminer sous la colère des hommes de Luvedari, décident
enfin d’y être de retour pour jouir de ce grand privilège symbolisant une
nouvelle forme de liberté. C’est la joie au cœur du peuple, c’est également
l’envie de vivre et de revivre.
Dans
tous les recoins, c’est la musique, du plaisir. C’est aussi le partage de bons
sentiments patriotiques après l’exil bien merité du fils du lion. Les tontons
macoutes ne sont plus à la mode et leurs foulards jaunes sont pendus sur toutes
les lignes de la capitale en signe d’échec total pour ce régime sanguinaire.
C’est le temps de vivre, puisque le dictateur vient d’être exilé et de laisser
tranquillement maintenant la nation.
Dans une
grande assemblée générale, Sovè, Saint-Julia et la troupe font venir les
haïtiens des quatre coins du pays afin de partager un vers de bonheur qui leur
avait attendu. Sovè en profite pour présenter la bravoure de sa marraine et le
reste de l’équipe tout en demandant à la grande assemblée de se lever pour
saluer le courage d’Ilyodor le défunt et la famille d’Inosan qui combattait
aussi invisiblement.
Avec
l’aide de bons hommes de droit et de bons citoyens avisés, on élabore la
constitution à base de laquelle le nouveau peuple libre marchera sans ambages
pour la fierté et la gloire du pays.
On bâtit
des hôpitaux, des écoles primaires, secondaires et professionnelles. On érige
de grandes universités pour accueillir des finissants. On construit toute sorte
de voie pour permettre l’échange accessible au commerce. On fait du bien pour
le pays, après plus de 30 ans de tortures, de dictature et de peine.
- He
frère ! C’est lui le fils du défunt Inosan ? dit de loin un vieillard
en tremblant qui essaie d’allumer un cigar.
- Oui,
c’est bien lui.
- Oh !
Papa, un Sovè tout de bon.
- Ah !
Ça c’est vrai.
Sovè
regarde Saint-Julia et l’embrasse, pendant qu’une colonne de perdrix traverse
la ligne de la limite de la capitale. Un vent doux et paisible les frappe au
nez pour ressentir une nouvelle bonne odeur pour une nouvelle Haïti
chérie.
BOLIVARD Delcarme
NOUVEAU ROMAN : LE RETOUR FURIEUX
DE SOVE 9/12/2008