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a vie est un
danger, un élan, un opium, un volcan, un désespoir espéré dans les os de la
fragilité. C’est coup pour coup, coude à coude, l’esprit vespéral aux
entrailles de la terre. Qui ne comprend sa vie ? Qui vivait, voyait,
entendait, comprenait, torturait, manipulait, regrettait. Le chemin de la vie
est étroit, saupoudré d’émaux ferriques où luit l’enchantement des faix qui se
succèdent aux monts de la peine et de la gloire.
Succès en
succès, le triomphe du désir et d’une stricte détermination. Echec, le sens ou
la conséquence de quoi ? De qui ? Seul le temps peut en dire long,
bien et juste.
Ma vie est
scindée d’un rideau para feu, parachute, parapluie, qui m’emmène parfois
jusqu’au tréfonds de la terre pour partager mes vœux de bonheur à ceux qui en
méritent et mon verre de charité aux plus faibles, donc, c’est ma seule
passion, mon seul but.
J’ai enjambé des
ponts délabrés sous le poids des âges, j’ai traversé les rivières en crue de
l’existence avec des pieds de pantalon retroussé, la vie sous les mauvais temps
où les nuages se glissent en maillon pour percer le mystère de la vie.
En plein jour
l’esprit politique sauvage de mon pays voulait m’arracher le patriotisme, un
sang mille fois par seconde qui coule en moi. On m’a ‘’déchouqué’’ sous les
yeux d’argus de mes proches qui ne purent rien faire si non que, me laisser
trahir avec quelques bousculades à l’esprit de mes persécuteurs d’alors. On m’a
abattu au pouvoir sénatorial que le peuple de mon département m’avait confié
grâce à mon savoir faire et le volume de mes pensées à servir le pays tout
entier, comme c’était toujours mon rêve. Pourtant, aucune force humaine ne peut
me faire désespérer sous tension colérique du sens d’aimer et de servir la
patrie dans le cœur et dans l’esprit.
À la tombée de
la nuit, je me replis avec un déséquilibre d’orgueil positif lié d’un vif amour
qui s’intéresse à me livrer aux pieds de ma pitié pour retourner vivre dans ma
terre natale où mes biens ont été déportés, pillés, volés, après mes 25 ans
d’exil. Quel regret !
Les cendres de
ma pensée lointaine dérivée d’une ondulation de larmes qui ruissèlent les coins
de mes yeux, trahis de sa fixation aigue des vacarmes du vent qui enlève mon
chapeau d’espérance. Sur la lueur d’étincelle de bougie de ma volonté, je rêve
constamment de mon cri agonissant quand mon jour où je devais être victime
d’une éviction, arrivait d’un écho troublant qui défonçait les oreilles de mes
contemporains. Je comprenais que l’existence de l’homme devrait être le
résultat de son effort, non seulement envers lui-même, en plus et surtout tous
ceux dont il est ceinturé.
Des événements
se succèdent à Haïti, des troubles et des crises politiques déracinent les plus
grandes visions du peuple haïtien que j’ai appris tout le temps à aimer et à
apprécier sa bravoure distinctive pour l’ensemble de ses entreprises. Le
désaccord au niveau de la pensée s’inscrit dans une très large mesure, convenu
de bousculer les grands hommes de la terre négrière, où les valeurs se fuitent
dans les airs comme le levé d’une poussière incessante par le vent rageur.
La déportation
de grands cerveaux, le rejet de la réflexion positive, trainent les
opportunistes à s’imposer sur les vrais fils de la nation sans pouvoir se
révolter ou de contredire. Le temps m’a permis de comprendre, voire
d’identifier que l’homme ne peut en aucun cas vivre sans l’adversité. C’est
elle qui, parfois, augmente la détermination, intensifie le dévouement,
encourage les actions positives jusqu’à ce qu’on parvienne à la plus noble
réussite qui puisse exister.
Je n’ai jamais
eu d’ennemis. Si des hommes pensent l’être, telle n’a jamais été mon impression.
Pourtant, à l’usage d’une bonne vérité, je pouvais les considérer comme des
adversaires m’envoyant au plus haut degré de mon idéologie. Je ne ratais pas,
je remportais la victoire. Je défendais la dignité de ma race, j’ai tout
accepté surtout quand il avait fallu me mettre à la soutenance des droits et
intérêts de mes concitoyens.
J’arrive au
moment où les rideaux de ma scène vitale doivent être refermés sur un ton
silencieux et de mérite. Je partais en guerre, j’en sortais saint et sauf,
enfin, je remportais la victoire. Je relève l’étendard de la jeunesse, les plus
faibles qui sont mis de côté. En lambeau, ma protection se glisse dans
l’embrassure de la porte de la conviction de servir mon pays avec tout ce qu’il
renferme.
Sous les ails du
temps, je m’envole vers mes semblables qui m’attendent souriant pour la
récompense de mes entraves, de mes entrailles, de mes entreprises d’ici-bas. Je
me perds, je m’enfouis dans l’espace. Que la protection de mes désirs, de mes
actions, de mes activités, se retirent de moi et planent sur les hommes conséquents
à mener au bon port la barque fragile de mon Haïti chérie.
Delcarme BOLIVARD, Av.MA
Cap-Haïtien, le 14/01/2011
Cap-Haïtien, le 14/01/2011