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La question de la remobilisation
des Forces Armées d’Haïti introduit une nouvelle vague de débats tant à
l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Sur ce grand fait
sociopolitique, chaque secteur a une position nuancée. Tantôt des approches y
élaborées, dérivées des intérêts singuliers ne voulant pas que l’esprit de la
Constitution du 29 mars 1987, amendée le 09 mai 2011, soit de mise en utilisant
l’insécurité sociale comme conducteur des crises et des chaos dans le pays pour
combler leurs envies de prise de pouvoir. Tantôt des réflexions parviennent des
acteurs politiques croyant que le rétablissement des Forces Armées D’Haïti est
une nécessité quant à la lutte contre l’anarchisme, le libertinage et surtout
le délaissement de nos frontières comme soi-disant État souverain.
De l’armée indigène de 1803 en
passant par l’armée féodale de 1807 à 1915, l’armée des protectionnistes de 1915,
l’armée de la désoccupation américaine de 1934, l’armée de Jean Jacques Acaau
de 1943, la Gendarmerie, jusqu’à l’Armée d’Haïti en 1947, dénommée Forces
Armées D’Haïti en 1958 avec François Duvalier, cette dernière démobilisée en
1995 avec le retour de Jean-Bertrand Aristide, Haïti a connu des forces
militaires en série. En dépit de la reconnaissance légale d’une force armée par
la Constitution haïtienne en vigueur en ses articles : 264, 264.1, 264.2, 264.3,
265, 265.1, 266, 267, 267.1, 267.2, 267.3, 267.4, 267.5, 268, 268.1, 268.2, 268.3,
cela n’empêche que cette institution indépendante soit en veilleuse de quinze
ans de cela.
Il est de fondement que les forces
armées constituent pour une nation un véritable moyen de développement dans le
cadre du maintien de l’ordre, de la s’sécurité, de la protection des citoyens
et des institutions. Elles désignent
l’un des facteurs essentiels de la ‘’fonctionne régalienne’’. Ce qui montre que
la sécurité extérieure d’un pays doit être assurée par la Diplomatie dans un
contexte de prévention et par des forces armées en cas de conflit, pour la
défense nationale sans oublier les stratégies à placer pour la question des
risques et désastres environnementaux. Par contre, l’instrumentalisation ou
l’utilisation d’une force armée à des fins politiques ou toutes autres
manœuvres pouvant engendrer des situations de trouble et de violence, permettent
de saisir l’échec flagrant d’une telle institution contribuant à appauvrir une
nation au lieu de la propulser vers le progrès et le développement durable.
Les idées précédentes nous laissent
comprendre la bivalence que peut avoir une force armée dans l’accomplissement
de ses attributions. L’‘’armée’’ a permis à la Russie, les États-Unis, la Corée
du Nord, la Chine, l’Allemagne, l’Angleterre, le Japon, le Canada de s’imposer
nationalement et internationalement pour le mode de fonctionnement qu’elle offre
à ces États précités. Tandis que, dans certains pays communément appelés
‘’sous-développés’’, tels : La République du Congo, Burundi, Sénégal, Burkina
Faso, Libéria, Zimbabwe, Haïti, pour ne
citer que ceux-là, l’armée joue un rôle de destruction massive contre
l’établissement de la paix publique pour être instrumentalisée par des
autorités étatiques.
Le cas d’Haïti sur la liste des
pays dont les forces militaires ne font que provoquer de graves crises
sociopolitiques nous préoccupe l’esprit quand nous nous rappelons le rôle que
jouaient les soldats des Forces Armées D’Haïti dans des violences politiques,
des coups d’État, des gabegies administratives, des meurtres, des manquements
aux principes des droits de l’Homme. Nous pouvons en déduire que pendant les
trente dernières années, l’existence d’une force armée nationale fait plus de
mal que de bien au peuple haïtien.
Par son utilisation politique à
outrance, l’’’armée d’Haïti’’ consume
tout un rêve du peuple, celui de vivre dans un parfait état de sécurité et de paix
durable. Des Forces Armées D’Haïti, que de citoyens paisibles arrivent à perdre
leur vie, que de compatriotes sont victimes d’éviction. Donc, si les Forces
armées D’Haïti ont été démobilisées pour causes d’infiltration politique et
économique en 1995 par Jean-Bertrand Aristide, en 2017, sous la Présidence de
Jovenel MOÏSE, elles doivent être conçues autrement. Elles doivent être
directement au service de la société au lieu d’être sous le contrôle du pouvoir
exécutif comme il a été le cas d’autrefois. Elles doivent avoir en tout temps
et en tout lieu l’esprit de la Constitution en vigueur comme vecteur d’achèvement
des tâches nobles.
Les Forces Armées D’Haïti
remobilisées sous la Présidence de Jovenel MOÏSE, est une institution reconnue
par la Constitution du 29 mars 1987 amendée le 09 mai 2011. Cette institution
est apolitique, dont les membres ne peuvent appartenir à aucun parti politique
et doivent observer la plus stricte neutralité selon la disposition de
l’article 265 de la loi mère du pays. Il faut souligner tout bonnement que la
remobilisation des Forces Armées D’Haïti est une préoccupation dans un contexte
sociopolitique et économique fragile. Au moment où cette armée refait surface,
presque tous les secteurs de la vie nationale sont en crise :
1- L’éducation ne peut pas être assurée effectivement, ce
qui traine à la longueur de la journée dans les rues une kyrielle d’élèves des
Lycées et des Écoles nationales pour n’avoir pas de professeurs en salle de
classe. Et ces derniers se plaignent de la négligence du Ministère de
l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle qui ne pense pas à les
payer à temps, cependant, exige à certains dont les dossiers sont en cours
depuis 10 à 20 ans de concourir pour un poste de professorat.
2- Cette institution (Forces Armées D’Haïti) revient à un
moment où un rapport sur le fonds Pétro-Caribe fait la une de l’actualité pour
avoir accusé plusieurs anciennes et nouvelles autorités étatiques dans leurs
mauvaises gestions de ce fonds. Ce qui entraine une très dégoutante image pour
Haïti qui s’identifie par la conclusion de ce rapport aux yeux de
l’international comme le bastion de la corruption des pays insulaires, pourquoi
pas du monde entier.
3- L’économie haïtienne est en déroute et s’affaiblit de
plus en plus par les gabegies administratives. De-là, les agents de l’ordre
public (les policiers) ne peuvent pas être rémunérés régulièrement, des grèves dans les hôpitaux publics, des licenciements
répétés et abusifs etc. Le pays se voit obligé continuellement de tendre la
main à l’international qui continue à s’amuser dans nos malheurs.
4- Des manifestations en série organisées par les opposants
du gouvernement en place, demandent inconditionnellement au Président de
laisser la tête de la Magistrature suprême de l’État pour être accusé de ‘’blanchiment
des avoirs’’, fait prévu et puni par le code pénal haïtien. Ces manifestants en
profitent pour dénoncer et critiquer énergiquement la loi de finances
2017-2018, qui d’après eux, ne reflète
pas les aspirations du peule.
En effet, que de situations fragiles
dans lesquelles remobilisent les Forces Armées D’Haïti, présentées
officiellement à Cap-Haïtien, Vertières, le Samedi 18 novembre 2017 sous le
haut commandement de monsieur Jodele LESAGE, nommé par l’arrêté présidentiel du
Vendredi 17 novembre de l’an en cours. Mais, demandons-nous pourquoi le chef de
l’État haïtien se préoccupe de cette question de l’armée ? Que faut-il
attendre de cette force ? Son budget de fonctionnement, répond-il aux aspirations
d’une force armée de l’heure ? Les jeunes soldats, ne sont-ils pas des
enfants ou des proches d’anciens militaires, qui partiront à la vengeance de
leurs familles ?
Seule une parfaite observation nous
est un rempart !
Delcarme BOLIVARD
18/11/2017