La
dame entonnant maladroitement la Dessalinienne le soir du 18 juin 2018 au Champ
de Mars en présence du couple présidentiel, de hauts fonctionnaires de l'État
haïtien, n'a pas fait exprès. Elle chantait de manière énigmatique notre hymne
espérant gagner l'ignorance de nos hommes de pouvoir en la circonstance.
La
dame plaisamment interprétait les couplets de la pensée patriotique de Justin
Lhérisson en oubliant de régurgiter toutes les ridicules qu’elle y imposait
comme marque de sottise du gouvernement en place pour l'avoir applaudie en
plein spectacle. La dame n'interprétait pas l'hymne de la République aux fins
de gloire de nos héros de l'indépendance, mais le faisait-elle afin de jouir
ironiquement des gaspillages des caisses de l'État par une série de sans
vergogne. Elle gazouillait notre chanson patriotique de façon importune pour
lui satisfaire le désir d'être vue aux côtés de tous ceux-là dont l'objectif
singulier sur cette terre est celui de profaner notre épopée de Vertières et de
vandaliser notre identité sociale et patriotique.
Pour
quelques présents variant avec le temps, d'ailleurs, issus des sources de financement
soupçonnées par nombre de ses utilisateurs malhonnêtes, la Dessalinienne a été
massacrée par une dame dont le nom ne nous intéresse pas pour avoir confirmé
notre ridicule en pleine fête populaire, hélas! La dame chantait pour gagner
soit une voiture, une motocyclette, soit pour bénéficier des bons d'achat;
logiquement, elle ne le faisait pas pour nous montrer sa longueur artistique
fondée sur la bonne tonalité musicale (ironie). Ainsi, appréciée souriant par
les organisateurs du programme, dont la présidence, et les spectateurs en
liesse qui l'accueillaient de fort bonne manière par de chauds d’applaudissements,
la dame mettait à nu ce qu'au XVIIème siècle français Jean-Baptiste
Poquelin appelait la correction des mœurs en riant : "Castigat ridendo
mores". La dame, sans qu'elle le sache, mettait sur scène ce que bon
nombre d'entre nous camouflent.
La dame est humiliée très mal comme quoi, elle ne se connaissait pas dans le monde de ‘’Ludwig van Beethoven’’. Elle est fustigée comme quoi, elle ne maîtrisait pas l'hymne national de son pays. Quelles remarques! Cependant, combien d'entre nous peuvent l'interpréter du début à la fin sans détour? Le problème ne s'y pose pas.
Que
dire notre système éducatif en tout cela? Que dire de notre société qui va à la
dérive sans fin? Que dire de la jeunesse de chez nous, appréciée vivement pour
des débauches auxquelles elle se livre, méconnaissable pourtant pour ses
efforts et ses rêves de réussite?
Il
est vrai que la dame, ni en créole ni en français ne pouvait entonner notre hymne national. Par
ailleurs, elle avait du courage pour affronter la honte personnalisée de nos
dirigeants. C'est le tableau de ce que nous sommes et de ce que nous valons à
l'instant présent.
Haïti
est en déroute. Notre système politique s'ouvre aux plus incapables, violents
on ne peut plus comme une identité méprisable à tout jamais. Si le peuple
récemment choisissait l'autre en dépit de ses mauvaises qualités pour en faire
une expérience nouvelle en ce qui se rapporte à la gouvernance du pays, la
dame, au Champ de Mars, le soir du 18 juin dernier pourrait être championne.
Alors comme il est dit : "Tout est possible à celui qui croit", nous
disons à notre manière: "Tout est possible à celui qui vit à Haïti, comme
tout est possible à Haïti".
20/06/2018
Par:
Delcarme BOLIVARD, Av.MA
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