Encrejournal |
Respectueuse Doyenne de l’ISAN, Maitre Marie-Guerda Romélus JOSEPH
Distinguée Marraine de la promotion sortante, Miss Gessie Alexandre
Sommités professeurs et membres du Décanat
Responsables du Collège Notre Dame du Perpétuel Secours
Représentants de la presse parlée, écrite, télévisée et en ligne
Infatigables parents et amis invités
Mesdames, messieurs,
Chères filleules,
Quand en 2015, les étudiantes de cette promotion sortante, baptisée : ‘’Dorothea Orem’’, avaient cité mon nom pour être le témoin de premier ordre de leur graduation, je n’y ai pas voulu croire en pensant qu’elles ne faisaient que jouer sur le temps et sur la personne de moi. Elles ne s’arrêtaient, nous rencontrer, à m’appeler sans cesse, ‘’Parrain’’ dont le sens de ce grand titre ne m’est étrange aujourd’hui pour être une réalité après quatre années d’études en Science Infirmière dans un pays comme Haïti où la valeur n’est honorée que si elle parvient d’ailleurs.
Il est bon de rappeler qu’en 2015, l’Institut Sanitaire du Nord (ISAN), ainsi appelé à l’époque, accueillait beaucoup d’inscrites pour se former afin de devenir des infirmières conséquentes. Néanmoins, par le temps passant si vite et les exigences qu’entrainent une formation de premier cycle à cet institut qui se veut être aujourd’hui, Université Saint Martin de Tours (USAMAT), beaucoup d’entre elles ont abandonné. De cette quantité imposante, seize seulement pour l’heure arrivent à briguer avec tant d’éclat leur formation en Science Infirmière. Seize seulement sont aptes à soigner des patients selon ce qu’elles ont appris de leur métier. Seize seulement viennent de se couronner à titre de récompense académique qu’imposent les autorités éducatives haïtiennes.
Les formalités de la convivialité s’encensent et modestement je salue les responsables de cette grande université, particulièrement, Miss Doyenne Maitre Marie Guerda Romélus Joseph pour son courage et sa détermination de femme au sens plein du mot. Ainsi, suis-je aujourd’hui enchanté que je prenne en cette circonstance si magnanime la parole pour me prononcer sur la félicité qui vous attend, mes chères filleules. Quand j’ai vite compris que l’honneur m’a été fait en la décision des étudiantes de cette promotion, de porter leur choix sur ma personne comme parrain.
C’est en effet un privilège, l’honneur qui m’échoit aujourd’hui en témoigne toute l’ampleur. Je ne pourrais, en aucun cas, leur priver de ma présence prouvant mon admiration à ces jeunes diplômées qui vont bientôt rentrer dans un monde sensible, où elles auront à apporter leur contribution à toute une communauté qui les attend éperdument. J’en profite pour commémorer les efforts incommensurables de ces seize étudiantes pour ce moment à quel point important au cours duquel se réunissent des gens de partout, dans un objectif commun, celui de fêter la Science infirmière et de couronner le courage de ces jeunes ci-présentes.
Je n’ai jamais douté de ma décision quand j’avais eu à leur répondre. Vu que, nous, ténors de ce pays, avons l’impérieuse obligation de satisfaire à l’appel de la jeunesse. Un appel de la relève tout en insufflant à ces jeunes les qualités d’un bon leader et du sens du devoir accompli. Mais, je n’ignorai jamais que ce lien qui nous unis cet instant présent est un acte immortel et pérenne.
Immortel et pérenne, car, personne ne pourra jamais effacer l’hommage du sourire de ces parents fiers et heureux dérivé de leurs sacrifices quotidiens en s’oubliant pour faire de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Les parents ont droit effectivement à cette tribu de reconnaissance. Ils ont consenti d'énormes loyautés. Ils n’ont eu peur ni vent, ni pluie, ni soleil pour que leurs enfants deviennent ce qu'elles sont aujourd'hui. Bravo à vous chers parents.
Corrélativement, je ne saurais oublier les professeurs durant ce parcours, qui ont fait montre d’infatigables accompagnateurs pour que le champ de connaissances de nos étudiantes ne cesse de s’élargir. À eux, nous disons, chapeau ! Sachez que vos efforts resteront constants, car, rien ne peut égaler la fierté que l'on ressent à former des cadres utiles au développement d’un pays.
Par le biais de notre vécu, rappelez-vous que ‘’Nul moment ne peut être savoureux que celui qui s’obtient dans le dur labeur et la persévérance.’’ Cela est pour vous dire, je sais combien dans un pays comme le nôtre le rêve d’être une infirmière coûte tant de dévouements et de risques. Dans un pays comme le nôtre, la Science et la recherche ne sont pas valorisées, ce qui donne lieu à ce niveau de société que nous avons évoluant dans la débauche et la délinquance juvénile. Beaucoup plus d’investissements pour la médiocratie que l’accompagnement formelle de la méritocratie. La corruption nous environne tous et devienne monnaie courante dans notre milieu qui, d’autrefois était le joyau du bassin caribéen. L’État s’affaiblit, se déroute de sa mission consistant à garantir le bien-être des citoyens. La vie n’a plus d’importance présentement à Haïti où l’insécurité de toutes sortes fait rage sous l’incompétence de nos dirigeants à servir le pays malhonnêtement.
Combien d’hôpitaux qui sont construits à Haïti pendant ces dix dernières années selon les normes modernes? Cependant, la Constitution en vigueur préconise que l’État a l’impérieuse obligation de garantir la santé de la population. Quelle est l’enveloppe de la loi de finance allouée au système sanitaire haïtien? Moins de 2 % pour la santé, pourtant plus de 20 % pour les pouvoirs politiques. Que faire le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) face aux maladies infectieuses qui envahissent et ravagent nos femmes, nos hommes et nos enfants dans les quartiers populeux, dits, zones de non droits à Haïti ? Quand on sait que plus de 60% de la population haïtienne meurt, faute de soin sanitaire, tandis que les maladies des autorités haïtiennes sont soignées à l’étranger avec les rentrées fiscales des pauvres citoyennes et citoyens. Le choléra, ne nous a-t-il pas été transmis par l’international? Qu’en dire l’Organisation Mondial de la Santé (OMS) à travers l’Organisation des Nations-Unies (ONU)? Alors que des forces onusiennes continuent de fouler notre sol national. L’ancien représentant de l’Organisation des États Américains (OEA), le diplomate Ricardo Seintenfus nous apprend que dans le dossier du choléra à Haïti, l’ONU est coupable mais non responsable. À lire : ‘’Les Nations-Unies et le choléra en Haïti : Coupables, mais non responsables’’. Quelle imprécation!
Mesdames, messieurs, chers invités, mes chers filleules,
L’apprentissage à Haïti n’est jamais chose facile. Cependant, vous l'avez rendu possible par le travail assidu accompli par la volonté toujours renouvelée à surmonter les obstacles. Bravo à vous, mes chères filleules. Rien n'a pu avoir raison sur votre opiniâtreté. Vos quatre années d’étude en Science Infirmière sont la preuve et la marque que vous avez données l’impossible de vous-même pour être ce que vous êtes présentement. Durant vos quatre années d’étude, vous avez puisé une force inimaginable afin d’affronter les tendances et la réalité haïtienne. Ce n’est un secret que nous ayons chez nous des milliers de jeunes filles obtenant un diplôme en sciences infirmiers mais qui en souffrent pour des raisons multiples.
Mais considérez-vous comme des chanceuses, non seulement pour avoir fréquenté une Université répondant aux normes académiques de l’heure, mais aussi et surtout pour être des engagées à une cause juste et noble, celle de soigner les malades et de leur permettre de se socialiser mortellement. Selon le serment d’hyppocrate (Serment de l’éthique médicale) que vous avez prêté, au nom duquel vous allez devoir accorder au secteur sanitaire la plus grande partie de votre temps, de votre vie et de votre savoir. Vous avez des défis énormes à relever. Sachez que le chemin de sacrifices pour vous est un carrefour pour lequel est encore ardu et inéluctable. Mais, par la force de votre savoir-faire et de votre sens d’HOMME, vous arriverez à vous tenir fermes face à l’impossible. ‘’À la dure d’une manière rude’’ ‘’Tenez-vous fermes même dans l’impossible.’’
Sachez que l’histoire du monde n’est pas un cycle à variante positive aisée. Mais un combat permanent entre le devoir et les défis dans tout achèvement du devoir social. Toutefois, comme tous les métiers d’ailleurs, vous devriez faire preuve de patience, de grand cœur, d’amour et de courage. Vous serez après le tout puissant les porteuses et garantes de santé humaine.
Sachez également que cet engagement sera votre cheminement dans la poursuite de votre idéal qui vous permettra d'oser l'impossible, d'assumer vos responsabilités, de compatir aux souffrances sans vous départir de la réalité humaine. Votre mission vous permettra également d'affronter toutes les difficultés dans l'exercice de votre profession, car, elle est un choix délibéré qui motive l'infirmière à accomplir avec compétence, dextérité et humanité toutes les tâches qui lui incombent.
N’oubliez pas, ravagés par une société de deuils et de chaos où les situations sociopolitiques nous rongent, nous perdons l’idéal de nous battre surtout pour notre conviction. Chez nous, tout est politisé voire nos institutions, chacun de nos rêves. Par ailleurs, souvenez-vous de la logique du changement qui doit commencer par vous. Il faut à force de compassion enterrer l'histoire inhumaine de ce pays. Embrasser dans un esprit patriotique tout être humain, et qu’il n’a pas d'autre subordination que la capacité de servir et le pouvoir d'aimer en prouvant votre énergie à votre alma mater.
En revanche, je ne suis pas ici pour vous faire comprendre que ce serait facile, la tâche qui vous incombe. Avant tout, il va falloir que l’amour de la science germe dans le cœur de chacune d’entre vous. Vous vous lèverez tôt les matins de vos lits et vous serez encore dans une heure tardive dans la nuit au chevet des malades. Vous allez vous y convertir en mère, en épouse, en bon samaritain pour sauver la vie d’un patient. Faites en sorte que vos vies, vos pensées, vos gestes, vos quotidiens soient toujours guidés par l'amour et le désir de prendre soin de vos semblables en toute nécessité.
Mes chères filleules, le diplôme est certes important. Cependant, le plus important est que l’on en prospère de toute part. Vous quittez la vie de l’université pour affronter celle de la vie. Celle-ci est fortement semée d’appâts surtout en ces temps-ci caractérisés par le matérialisme poussé, l’égoïsme excessif et le fratricide. Dieu fasse, que vous connaissiez une réussite professionnelle éclatante et dorée qui vous fera oublier les souffrances endurées ainsi que les sacrifices d’étude pour vous mettre au service de tout un monde, de tout un pays qui vous a vues naitre et grandir.
Que Dieu vous aide à excéder dans la droiture, du beau et du bien ! Pour l’amour de la science et l’espoir d’une jeunesse, ces mots vous sont donc dédiés.
Félicitations et bons succès.
Merci!
08/12/2019
Delcarme BOLIVARD, Av.MA
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