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Je n’ai jamais compris l’existence redoutable de la mort. Cette dernière fait peur et dérange l’esprit, à un point tel, qu’on peut même arriver à ne pas se connaitre comme Homme. J’imagine que ce monde de tristesse qu’est la mort, incarne une méfiance à la vie et fait naître un chagrin insupportable à l’égard de l’être cher perdu dans l’au-delà de l’oubli. C’est ainsi que le spectre grimaçant que dessine la désolation, déroute l’espoir qui pourrait être nourri depuis un laps de temps…
La mort fait sa course, la mort fait sa route. L’homme s’y courbe, l’homme s’y perd. La mort entraîne des dégoûts.
Très tôt dans la matinée du 16 août 1926, à la fraîcheur du temps qui fit danser les plantes et les arbres, provoqua une vive douceur dans la nature où volèrent les oiseaux au vent, naquit dans le Nord héroïque d’Haïti, un enfant, un esprit humain grandissant d’une des familles bourgeoises et catholiques du territoire national. Les parents cultivés de cet enfant mis au monde ne tardèrent de le baptiser en la Cathédrale du Cap-Haïtien en l’appelant Louis Julien Noisin et pour les intimes, ‘’Ti Loulou’’.
Le pays, à l’époque fut troublé par des crises sociopolitiques. Son économie désorientée surtout par l’occupation américaine débutée en juillet 1915. Cela ne pouvait empêcher aux parents de Ti Loulou de l’envoyer à l’école à l’une des prestigieuses institutions classiques de la République d’Haïti, FIC du Cap-Haïtien et y fit son cycle primaire avec tant d’éclat.
Vers l’année 1940, Louis J. Noisin Monta à Port-au-Prince avec sa mère Tata ainsi connu, dans le but de fréquenter l’Institut Saint-Louis de Gonzague, puis le Lycée Toussaint Louverture pour son cycle secondaire. Collègue de classe de l’ex-président d’Haïti, le feu Leslie François S. R. Manigat à FIC de Port-au-Prince. Rentra à Cap-Haïtien, Louis poursuit ses études secondaires brillamment au Lycée National Philippe Guerrier où il fut ébloui et charmé sous les lèvres de son mentor, le professeur Louis Mercier qui lui apprit à aimer la patrie haïtienne, à travailler à sa prospérité et à aider les plus faibles sans s’agenouiller en face des plus riches. Ces leçons apprises de son maître à penser, allèrent incarner en lui un esprit d’humanisme et un caractère d’homme honnête qui firent de lui pendant toute son existence le travailleur du progrès, du développement, de la promotion du respect de l’être haïtien et de la défense de la valeur culturelle haïtienne.
Après ses études classiques au Lycée National Philippe Guerrier du Cap-Haïtien, il rencontra le Docteur Luc L. Colas et le Notaire Coradin qui l’intéressèrent à fréquenter l’École de Droit du Cap-Haïtien (ainsi appelée à l’époque) pour les études en Science Juridique qu’il maîtrisa avec science et conscience au bonheur du système judiciaire haïtien. Il acheva cette étude en 1950, du coup s’inscrivit au tableau de l’Ordre des Avocat du Barreau de Cap-Haïtien parmi les grands yeux et esprits juridiques, tels que : Me Salnave Emmanuel, Me Nathan Manigat, Avocats militants pour ne citer que ceux-là. Il eut de grandes causes et mena pendant toute sa carrière d’Avocat, un combat pour l’insertion et l’encadrement de la jeunesse qu’il considéra d’ailleurs comme la force motrice et le bel âge de la nation. Il milita en faveur de la classe moyenne, une structure sociale délaissée, vouée à elle-même. Il lutta contre la médiocrité dans le système éducatif supérieur haïtien et commença à s’inventer des titres dans le milieu national.
Ti Loulou quitta le Cap pour retourner dans la capitale d’Haïti dans le souci de se former beaucoup plus après ses quelques années passées au Barreau de l’Ordre des Avocat du Cap-Haïtien en y décrochant le titre de ‘’CHEVALIER’’. Il fréquenta la faculté d’Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti et y obtint le grade de Licencié en Ethnologie. Il dispensa des cours de littérature française et de grammaire dans plusieurs établissements scolaires de Port-au-Prince. Il anima des séminaires portés sur le respect des droit de l’Homme, il prononça des discours en faveur de la femme haïtienne, il anima des conférences axées sur le rôle de l’international dans les affaires politiques et économiques haïtiennes, il combattit et dénonça la corruption dans les administrations publiques, etc. Il devint un intellectuel très demandé, car, son éloquence et sa verve oratoire furent inégalables à l’époque.
Pendant son séjour à Port-au-Prince, il rencontra avec Dr François Duvalier qui l’accueillit de bonne part pour son dévouement et son implication dans les activités publiques. Qui l’aurait crû ? Malgré les énormes reproches adressées au ‘’Papa Doc’’ pour son comportement dictatorial envers la jeunesse d’Haïti, remarques faites par bien des historiens de l’époque, pourtant ; l’amour de ce président pour Ti Loulou fut incontestable.
Le président François Duvalier avait reçu une invitation de l’UNESCO faisant appel aux intellectuels d’Haïti pour se rendre en Africain afin de porter la main forte au système éducatif de ce continent se trouvant à l’époque dans une situation très critique. Ce fut ainsi que beaucoup de problèmes y furent enregistrés, précisément après la deuxième guerre mondiale où les Belges habitant certaines zones, dont : Kinshasa, Congo belge ; décidèrent d’abandonner l’Afrique. Au nombre des intellectuels haïtiens retenus, le nom de Louis J. Noisin fut classé pour se rendre à Kinshasa puis au Congo belge pour participer au redressement du système éducatif africain. Il fut bien accueilli par le président Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga de Zaïre qui le nomma le préfet de l’éducation d’alors.
Il fit bien son travail et fut apprécié de tous jusqu’à ce que bon nombre d’enfants Africains nés à l’époque auraient pu être portés le nom de NOISIN comme patronyme. Il eut la chance de fréquenter quelques centres culturels et intellectuels du Congo, partagea avec les congolais sa connaissance en Ethnologie et Anthropologie africaine. Il ne s’arrêta pas en se donnant à la recherche de la valeur culturelle de l’Afrique jusqu’à ce qu’il ait eu détenu la maîtrise de la littérature congolaise.
Après les bonnes formations fournies aux congolais, Louis J. Noisin retourna à Haïti pour être le Secrétaire de l’Ambassade haïtienne à la République dominicaine. Ce fut là qu’il donna naissance à son quatrième fils, Edouard L. Noisin, né de sa femme mariée, Mme Denise Poitevien Noisin, une gonaïvienne. De cette dame bien connue pour sa prouesse artistique et son style de robe, Louis J. Noisin eut déjà trois autres enfants, dont : Philippe Noisin, Carole Noisin et Chantal Noisin.
Louis J. Noisin eut l’heureux privilège entre temps d’effectuer de grands voyages en Europe, particulièrement, en France où il eut l’intérêt de maîtriser la ‘’littérature française’’ qu’il sut déjà dispenser dans certains établissements scolaires de son pays natal. Il traversa en Asie pour le Japon et résida quelques années plus tard Aux États-Unis d’Amérique avec les membres de sa famille ; tantôt à Virginia, Georgia, tantôt à Atlanta. Delà, il entreprit une Maîtrise (Master) et un Doctorat en Anthropologie culturelle à ‘’Hampton University’’. Une fois soutenue sa thèse doctorale, il remplit la fonction de simple professeur à ladite université et quelques mois plus tard, il fut accepté comme le premier noir au rang des autres responsables de ‘’Hampton’’, avec un titre célèbre ; ‘’Professeur de tous les temps’’. Cela lui permit d’être rémunéré jusqu’à la fin de sa vie.
Par son Doctorat en Anthropologie culturelle, désormais on l’appela : Dr Louis J. Noisin. Il décida de laisser les États-Unis, les membres de sa famille pour rentrer à Haïti à un moment d’instabilité politique et de crise économique. Comme rêveur de tous les temps, d’ailleurs on le connait dans le monde intellectuel haïtien sous le titre de ‘’ l’homme du Nord ’’ ou ‘’ le dernier des Christophe ‘’ pour sa discipline et son application aux devoirs qu’il devint accomplir avec rigueur et ténacité. Il rencontra Jean-Claude Duvalier le fils de son bon ami défunt, Dr François Duvalier. Il ne perdit pas le temps pour solliciter de son Excellence le bâtiment où se logea l’ancien Union Club (UC) du Cap-Haïtien des rues 17 et 18 H-I, club qui sut accueillir les dames les plus élégantes de l’époque vêtues de belles robes brodées à fleurs et les garçons les plus pointus et précieux dans leurs langages de galanterie, sans oublier leurs bonnes convenances. Ce fut un club de haut lieu culturel et intellectuel. Chaque après midi, les hommes et les femmes spéciaux y vinrent s’amuser au rythme des mélodies de l’Orchestre Septentrional et bien d’autres groupes musicaux de l’époque.
La demande du Dr Noisin à son Excellence, le président Jean-Claude Duvalier, fut agrée et vint à l’idée de créer la première université privée des provinces d’Haïti, connue d’abord sous le nom de l’Institut Universitaire Roi Henri Christophe, puisqu’à l’époque seul l’État haïtien pouvait utiliser le concept ‘’Université’’. Le président agréa la demande importante du Dr Noisin pour le pays en matière de formation supérieure et dans l’objectif de déconcentrer la métropole de l’Ouest qui reçut en son sein trop d’étudiants des autres départements du pays.
Pour éteindre le feu de la crise politique Haïtienne de 1986 après le départ de Jean-Claude Duvalier, on remettait en question toutes les instituions politiques du pays, on élaborait la Constitution du 29 mars 1987 et se préparait pour l’organisation des élections de janvier 1988. Ces élections emmenaient le professeur Leslie François Manigat à la tête de l’État haïtien avec un taux de participation estimé à moins de 10%. Dans le nord du pays, Dr Louis J. Noisin fut élu Sénateur de la République avec 67% de voix. Arrivé au parlement haïtien, l’honorable Sénateur Dr Louis J. Noisin, fut élu président du sénat de la 44ème législature le 17 janvier 1988.
De ce poste honorifique qu’il gardait respectueusement, le Sénateur Dr Louis J. Noisin a eu la vertu de mener à bon port l’Assemblée Nationale à une époque politique extrêmement fragile et délicate. Comme pour toujours à Haïti, les grands hommes ne sont pas bien vus et rejetés par tous les moyens possibles, c’est ainsi que, quatre mois seulement passés au pouvoir, le Président Leslie François Manigat et tout le gouvernement d’alors furent renversés par les soldats des Forces Armées d’Haïti. Dr Louis J. Noisin, Sénateur du département du Nord fut exilé pour les États-Unis en laissant Haïti, ses ambitions, ses rêves les plus chers, ceux de doter du pays, notamment le département du Nord, d’un centre universitaire qui n’avait rien à envier de celles du continent occidental et oriental. Il partait, larmes aux yeux pour une autre vie dans une zone qui n’est pas la sienne : ‘’ La vie est un danger, un élan, un opium, un volcan, un désespoir espéré dans les os de la fragilité. C’est coup pour coup, coude à coude, l’esprit vespéral aux entrailles de la terre. Qui ne comprend sa vie ? Qui vivait, voyait, entendait, comprenait, torturait, manipulait, regrettait. Le chemin de la vie est étroit, saupoudré d’émaux ferriques où luit l’enchantement des faix qui se succèdent aux monts de la peine et de la gloire’’, disait-il toujours.
C’était triste d’assister au vandalisme de ses biens matériels et intellectuels. C’était triste de voir s’échapper le Dr Louis J. Noisin, déguisé en tenu de femme afin d’avoir la vie sauve sous la colère des bandits acharnés qui pillaient ses ressources économiques sous les yeux d’argus des membres des Forces Armées d’Haïti. L’Université Roi Henri Christophe des rues 17 et 18 H-I fut saccagée par certains membres de la population capoise hostiles au progrès, mais traditionnels anti-changements et anti-réflexions libératrices pour le pays tout entier.
La maison du Dr Noisin sise à la rue 18 F du Cap-Haïtien fut incendiée. On pouvait assister avec tant d’amertumes le feu qui dévorait la pensée créatrice d’un Homme haïtien. On pouvait observer regrettablement des hommes et des femmes biens connus de la cité christophienne qui participaient au ‘’ déchouquage ‘’ des biens du Dr Louis J. Noisin, qui traversaient les rues du Cap-Haïtien avec certains biens meubles de la victime de la politique haïtienne. Il racontait avec beaucoup d’afflictions ce moment ardu : ‘’En plein jour l’esprit politique sauvage de mon pays voulait m’arracher le patriotisme, un sang mille fois par seconde qui coule en moi. On m’a exilé sous les yeux d’argus de mes proches qui ne purent rien faire si non que, me laisser trahir avec quelques bousculades à l’esprit de mes persécuteurs d’alors. On m’a abattu au pouvoir sénatorial que le peuple de mon département m’avait confié grâce à mon savoir faire et le volume de mes pensées à servir le pays tout entier, comme c’était toujours mon rêve. Pourtant, aucune force humaine ne peut me faire désespérer sous tension colérique du sens d’aimer et de servir la patrie dans le cœur et dans l’esprit’’. Cependant, Dr. Noisin croyait dur comme fer que les ennemis pour lui n’existent pas : ‘’Je n’ai jamais eu d’ennemis, mais pour les adversaires, j’en ai pleins. Pour ces derniers, je ne m’en occupe même pas’’.
Dr. Louis J. Noisin racontait souvent ceci : ‘’ Je n’ai jamais eu d’ennemis. Si des hommes pensent qu’ils me le sont, telle n’a jamais été mon impression. Pourtant, à l’usage d’une bonne vérité, je pouvais les considérer comme des adversaires m’envoyant au plus haut degré de mon idéologie’’.
Exilé aux États-Unis, Dr. Noisin, rejoignait les membres de sa famille et quelques amis de la diaspora haïtienne. Il en profitait pour parfaire ses études, multipliait ses contacts, regroupait autour de lui des gens qui partageaient la même vision que lui. Il donnait des conférences autour de l’intégration de la diaspora dans les affaires civiles et politiques haïtiennes.
Dr Noisin s’occupait de ses activités intellectuelles jusqu’aux États-Unis. Philippe Noisin et Carole Noisin furent morts et Dr. Noisin pleuraient amèrement leurs départs. Le Sénateur Noisin passait plus de 17 ans aux États-Unis à mener des luttes contre la barbarie de la politique haïtienne qu’il accusait comme un carrefour dangereux où règnent la mort et la désolation.
Au moment où le Président Jean-Bertrand Aristide retournait au pouvoir à Haïti, Dr. Noisin lançait un ban pour la célébration du bicentenaire de l’indépendance nationale et le retour immédiat de tous les hommes politiques haïtiens exilés pour leurs prises de position et leurs idéologies. Il en profitait pour présenter plusieurs conférences et décidait conjointement sa femme pour rentrer à Haïti. Il laissait aux États-Unis, Chantal Noisin et Edouard Louis Noisin pour reprendre ses activités intellectuelles et politiques à Haïti.
Retourné à la tête de l’Université Roi Henri Christophe dont il était le Président fondateur, il trouvait piétiner la valeur éducative de ce grand centre universitaire qu’il a eu l’orgueil de créer dans le Nord d’Haïti contre la centralisation des choses de l’esprit du pays. Il y menait une vie paisible avec l’ensemble de ses collaborateurs, dont : Dr. Luc L. Colas, son collaborateur de vieille date, Ing. Gédéon Joseph, son cousin, ancien directeur de MTPTC/ branche Nord. Dr Louis J. Noisin continuait à lutter pour le respect des droits de l’homme, défendait le droit des enfants par un ensemble de discours prononcés dans toutes les circonstances de la vie courante.
Dr. Noisin animait plusieurs émissions à caractère socio-éducatif et politico-culturel sur les ondes de plusieurs stations de radio de la cité, dont : La Voix du nord, Radio Cap-Haïtien, Radio Citadelle etc. Il menait un combat radiophonique pour la nouvelle visibilité de l’Université Roi Henri Christophe par une série d’émissions prisées et relayées entre plusieurs stations de la ville du Cap-Haïtien. Ces séries d’émission portées sur les antennes des stations de radio de la place se caractérisaient autour du thème ; ‘’ LA VOIX DE L’UNIVERSITÉ ROI HENRI CHRISTOPHE’’.
Dr Louis J. Noisin participait à de grands colloques nationaux et le dernier en date est celui porté sur ‘’le plan stratégique de sauvetage national’’ organisé en 2009 à Santiago de la République Dominicaine avec de brillants panélistes, tels : Turneb Delpé, Sénateur Rudolph Henri Boulos, Guichard Doré, Jean H. Charles, Marc Louis Bazin, Lucie Marie-carmel, Robert Benodin, pour ne citer que ceux-là. À la même époque, il fut nommé Consultant au bureau du 1er Ministre de transition, son Excellence, Gérard Latortue.
A la fin de 2009, Dr Noisin a ouvert une compagne de sensibilisation en faveur de la culture haïtienne en réalisant de nouvelles séries d’émission radio-télédiffusée à la compagnie de son bien aimé, Me Delcarme Bolivard. Tantôt à la Radio Télé Vénus, tantôt à la Radio Télé Paradis. Et sa dernière série d’émission se réalisait sur les ondes de la Radio Télé Africa, toujours en la compagnie de Me Delcarme. Outre son talent de présentateur d’émissions, Dr. Noisin fut l’un des acteurs de cinéma du long métrage ‘’ Rescapé d’la vengeance’’ projeté au complexe Versailles du Cap-Haïtien en mai 2009.
En août 2010, il fut accueilli à ‘’Ramada Plaza Hotel’’ à Collins Avenue Miami Beach Florida par les responsables de ‘’Babas Production’’ pour participer à l’évènement annuel : ‘’Le Grand Nord en Soirée’’. Ce fut l’occasion pour lui de s’extérioriser artistiquement et intellectuellement sous les yeux brillants de la jeune haïtienne à Miami.
Dr Louis J. Noisin, au cours de son dernier temps, ne connaissait pas une stabilité sanitaire. Il devait sans relâche consulter son médecin, soit aux États-Unis où il a subi une intervention chirurgicale au niveau de la tête, soit à Haïti pour des soins médicaux importants. Il pratiquait une posologie de médicaments très élevée soit 36 pilules par jour à raison de 12 au matin, 12 à midi et 12 au soir. Devenu diabétique, il subissait un régime alimentaire contrôlé, cela ne pouvait empêcher que ses pieds soient infectés.
Le Sénateur Dr Noisin passait plus de 8 mois aux États-Unis pour continuer à suivre son traitement médical. Par ailleurs, son esprit, son amour et sa vision n’étaient qu’à Haïti. Il rêvait constamment d’être de retour dans son pays natal pour se mettre au service de la jeunesse, laquelle jeunesse lui inspirait la gloire de vivre en s’accrochant à l’ensemble ses prédications. Il baptisait un nouveau programme de développement intellectuel pour l’Université Roi Henri Christophe du Cap-Haïtien et croyait qu’avec lequel Haïti renaîtra de ses cendres comme le phénix.
A la fin de 2011, Dr. Louis J. Noisin à Haïti avec ses deux enfants : Chantal Noisin, Edouard L. Noisin. Il reprenait le contrôle de l’Université Roi Henri Christophe qui était, pendant son séjour à Virginia, dirigée par un staff composé en majeur partie des anciens étudiants de ladite université. Il donnait une nouvelle façade à son centre universitaire, regroupait autour de lui des jeunes pour leur donner un encadrement intellectuel, professionnel et patriotique. Il reprenait les antennes des stations de radio et des chaines de télévision de la place avec les anciennes séries d’émission ‘’La voix de l’Université Roi Henri Christophe’’ toujours avec son coéquipiers, Me Delcarme Bolivard.
Dr Louis J. Noisin, en 2012, menait une lutte dialectique sans précédente contre l’État haïtien et celui de la République dominicaine pour l’identification nominale de son université des rues 17 et 18 H-I du Cap-Haïtien. Cette lutte était menée pour empêcher au don universitaire de la République dominicaine à Haïti après le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, de porter le nom du Bâtisseur, le roi Henri Ier. Ce don qui consistait à implanter un campus universitaire moderne du côté de Limonade, dans le Nord du pays, faisait de grands débats dans le monde intellectuel haïtien, pourtant, Dr. Louis J. Noisin croyait au cours de ses diverses interventions, que des débats oui, des combats non. ‘’La guerre des trois n’aura pas lieu’’ avançait-il. Il parvenait à avoir gain de cause pour l’histoire et pour la vérité.
Au début de 2013, Dr Louis Noisin montait à Port-au-Prince notamment au parlement haïtien dans le but de rencontrer le Président de l’Assemblée Nationale d’alors, l’honorable Sénateur Dieuseul Simon Desras pour une aide informationnelle. Comme ancien Président de la 44ème législature haïtienne, le Dr Louis J. Noisin souhaitait avoir sa pension légale pour avoir travaillé plus de 30 ans dans l’administration publique haïtienne ; voilà l’objectif premier de sa rencontre avec le Sénateur Desras. Ce dernier prenait à cœur la visite officielle du Dr. Noisin et lui donnait toutes les informations nécessaires devant lui permettre de mener à bien sa demande. En effet, rien n’est fait sur la demande de pension sollicitée par Dr. Louis J. Noisin, si non qu’une simple lettre d’accuser de réception de la présidence (sous le régime Tèt kale) adressée à lui sans espoir.
Déçu que sa demande n’ait été agrée, Dr Louis J. Noisin retournait à Cap-Haïtien pour continuer son travail de Président fondateur de la première université privée des provinces d’Haïti, Université Roi Henri Christophe (URHC), membre fondatrice de l’Union des Universités Privées d’Haïti (UUPH). Il profitait de l’occasion pour penser à mettre sur pied une station de radio à l’Université Roi Henri Christophe qui serait, d’après lui, la première station universitaire d’Haïti. Malheureusement, cet ambitieux rêve était rejeté d’un revers de main par son fils Edouard Louis Noisin qui croyait, d’une part que ce serait un gaspillage d’argent, et d’autre part, que l’Université Roi Henri Christophe n’était pas encore prête à accueillir un tel événement. Cela incarnait en Dr Louis J. Noisin quelques brins de chagrins qui le fatiguaient et lui faisaient verser des larmes de manière clandestine.
Au cours de cette même époque, Dr Louis J. Noisin, comme le grand rêveur par excellence, d’ailleurs disait-il Toujours : ‘’Il faut penser plus haut que les étoiles, et s’il faut tomber, tombez au rang des étoiles’’, envisageait une section vespérale à l’Université Roi Henri Christophe pour ceux-là qui laissaient le chemin universitaire pour quelle que soit la cause, d’y revenir pour être utiles à eux-mêmes, à leurs familles et au reste du monde. Vue la nécessité d’avoir un plus grand nombre possible de cadres bien formés pour prendre les rênes du pays ; l’Université Roi Henri Christophe se faisait le devoir intellectuel et comme bonne source du savoir d’ouvrir ses portes pour accueillir toutes celles et tous ceux voulant continuer leurs carrières universitaires. Ainsi, ‘’Night University’’ serait une véritable occasion offerte par l’Université Roi Henri Christophe sous la recommandation directe du Dr Louis J. Noisin aux élites intellectuelles du pays notamment, celles du Cap-Haïtien de boucler en beauté et sur les chapeaux de roues leurs études universitaires. Un tel projet a été mal reçu par le président exécutif de l’URHC d’alors.
À la fin de 2013, Dr. Louis J. Noisin entreprenait la construction de sa maison privée à Camp-Louise où il voulait créer le ‘’Village ma Dede’’ en l’honneur de sa bien aimée, Mme Denise P. Noisin, morte en 2007 à Haïti. Cette construction se réalisait au ralenti, puisqu’il était extrêmement difficile de décaisser l’argent à l’URHC, soit pour acheter des matériaux, soit pour payer les ingénieurs et ses alliés. Cette gestion irrationnelle du président exécutif de l’époque, Edouard L. Noisin, plongeait Dr Louis J. Noisin dans une désolation extrême, ce qui lui permettait de passer plus d’un mois à ne fréquenter l’enceinte de son Université qu’il créait après tant de luttes avec les autorités politiques et civiles d’Haïti.
Dr Noisin tombait malade. Accompagné de sa fille Chantal Noisin, il rentrait aux États-Unis pour subir une intervention chirurgicale. Quelques mois plus tard, il retournait à Haïti pour peut-être une dernière fois de sa vie. Il rencontrait beaucoup de difficultés dans sa résidence privée au Haut du Cap, particulièrement avec son fils Edouard qui le traitait comme un ennemi. Des actes incongrus lui étaient adressés par cet enfant effronté. Ce dernier ne le saluait pas pendant un bon laps de temps à la maison. Il le bousculait quelquefois, l’apprenait-on des autres membres de la maison qui n’y pouvaient rien faire sous le tempérament colérique de cet homme.
Voici un extrait lamentable laissé par Dr Louis J. Noisin méritoire d’être connu de tous : ‘’ J’arrive au moment où les rideaux de ma scène vitale doivent être fermés sur un ton silencieux et de mérite. Je partais en guerre, j’en sortais saint et sauf, enfin, je remportais la victoire. Je relève l’étendard de la jeunesse, les plus faibles qui sont mis de côté. En lambeau, ma protection se glisse dans embrasure de la porte de la conviction de servir mon pays avec tout ce qu’il renferme.
Sous les ails du temps, je m’envole vers mes semblables qui m’attendent souriant pour la récompense de mes entraves, de mes entrailles, de mes entreprises d’ici-bas. Je me perds, je m’enfouis dans l’espace. Que la protection de mes désirs, de mes actions, de mes activités, se retirent de moi et planent sur les hommes conséquents à mener au bon port la barque fragile de mon Haïti chéri (sans e muet. Il s’agit là du pays- Haïti)’’.
A partir de 2014, l’état de santé du Dr Louis J. Noisin devenait très critique. Il était hospitalisé à plusieurs reprises à l’Hôpital Universitaire Justinien du Cap-Haïtien. Descendu de l’hôpital, il reprenait timidement ses activités de construire sa maison privée à Camp-Louise au ‘’Village ma Dede’’ dédié à l’honneur de sa femme défunte. Il menait une vie de tristesse pour avoir perdu son autorité à l’Université Roi Henri Christophe. Il semblait être mort pendant qu’il vivait. Pourtant, il gardait parfois son stoïcisme en déclarant : ‘’Je suis là, l-à, mais non pas l-as’’. On retenait toujours sa phrase héroïque : ‘’Tout va bien Mme de la Marquise, le château n’a pas brûle. Je suis en pimpant’’.
À la fin de l’année 2014, sous la timide demande du Dr Louis J. Noisin, il était convenu de rendre un hommage en sa faveur à l’occasion de son anniversaire en Août 2015. D’habitude, les collations de diplôme de fin d’études à l’Université Roi Henri Christophe (URHC) se réalisaient à n’importe quelle date, et cette fois-ci, il était arrêté de le faire le 16 août 2015, jour de l’anniversaire de naissance du Président fondateur de la 1ère Université des provinces d’Haïti. Tout était mis en place pour ce jour glorieux, celui au cours duquel on célébra le 89ème printemps du Dr. Louis J. Noisin.
L’an 2015 pointait, alors que les responsables de l’URHC se préparaient pour offrir une journée de fête sans égale au Dr Noisin. Ce dernier, qui était déjà emporté par la mauvaise gestion de l’Université Roi Henri Christophe, par l’ensemble des révocations illégales, abusives et arbitraires des employés conséquents de l’URHC, exécutées sommairement par son fils Edouard L. Noisin.
En se préparant pour la fête, c’est ainsi qu’aggrave la situation. Dr Louis J. Noisin à la maison se portait très mal. De janvier 2015 à juin 2015, la situation se détériorait où il sentait la mort de lui s’approcher. Au début du mois de Juillet de la même année, il connaissait une instabilité sanitaire sans précédente. Il allait à l’Hôpital de temps à autre. À la fin du mois de juillet 2015, il ne voulait plus boire et plus manger en observant une grève de faim en présence de quelques membres de sa famille à la maison qui ne lui disaient rien des conséquences de cette prise de position. Hospitalisé pour une dernière fois à l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot dans le Nord d’Haïti, il a rendu l’âme le mercredi 05 août 2015 à l’âge de 89 ans.
Cette perte doit provoquer une indignation contre la vie en se demandant : ‘’Pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ? Dr Louis J. Noisin a tout fait pour doter la région du Nord, particulièrement le Cap-Haïtien, d’une citadelle de la connaissance, l’Université Roi Henri Christophe des rues 17 et 18 H-I. son départ mortel est une aventure indésirable pour toute l’humanité.
Premier secrétaire de l’ambassade haïtienne au Mexique en février 1957, professeur d’Anthropologie culturelle à l’Université Williamsburg, à l’Université Johns Hopking de Baltimore et au College of William and Mary, Virginia, Président du Rotary Club du Cap-Haïtien en Juillet 1985, secrétaire de l’ambassade haïtienne à la République Dominicaine, consultant national lors de l’élaboration de la Constitution de 1987 ; enfin, Dr Louis J. Noisin se faisait un nom dans l’échiquier de l’intelligentsia nationale et internationale.
À l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot, Dr Louis J. Noisin est décédé vers les sept heures 30 du matin. C’était triste de voir que le spectre de ce géant homme enveloppé dans un linceul et ait été enlevé jusqu’aux environs d’une heure de l’après midi. Cela fait montre que les derniers moments du Dr. Noisin n’étaient ni glorieux ni faciles. On peut croire jusqu’après toutes preuves contraires que pour certains, la mort du Dr Louis J. Noisin est insignifiante et cet intellectuel pointu et rodé n’était grand que dans son vivant.
Dr Louis J. Noisin est mort et enterré avec ses ambitions. Que les générations montantes prennent de bonnes notes de ce qu’il avait réalisé, de ce qu’il avait tenté de réaliser et de ce qu’il avait entrepris pour sauver l’Honneur des Hommes de son pays et de toute l’humanité.
Que vous soyez bien accueilli, Dr. Louis J. Noisin par le Dieu tout puissant qui vous récompensera pour vos bonnes entreprises ici-bas.
Et nous répétons votre serment d’allégeance que vous avez appris au Lycée National Philippe Guerrier sous les lèvres de votre mentor, le professeur Louis Mercier : ‘’Je crois aux génies bienfaisants de ma race, aux destinées immortelles et glorieuses de ma patrie, que je servirai avec dévouement et désintéressements jusqu’au sacrifice’’. Ad majorem Dei gloriam.
“L’aube est moins claire”
''L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ;
Le soir brumeux ternit les astres de l’azur.
Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent.
Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s’en va d’un pas précipité !
Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été,
Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.
Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes,
L’automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l’été qui s’enfuit est un ami qui part.
Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure,
Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu’un souffle tiède effleure !
Voluptés du grand air, bruit d’ailes dans les bois,
Promenades, ravins pleins de lointaines voix,
Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées,
Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! rosées !
Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux !
Hélas ! vous reviendrez ! me retrouverez-vous'' ?
(Victor Hugo)
Delcarme BOLIVARD, Av. MA