Cap-Haïtien,
le 22 mars 2020
Monsieur le Premier Ministre,
Je n'ai pas l'intention d'être lu par
vous, non plus que mes opinions ou idées soient commentées par vous. La raison
en est simple. Comme vous semblez être un chef de gouvernement avec peu de
retenue en matière de communication, notamment en langage politique, j'évite
par vous d'être scandalisé comme quoi, si je m'adresse à vous par la présente,
c'est parce que je voudrais être "superstar" ou de votre propre mot,
que je veuille faire du "buzz" dans le but de me vendre publiquement.
Loin de-là, Monsieur le Premier Ministre, Jouthe JOSEPH.
Monsieur le Premier Ministre,
Je ne vous connais pas, d'ailleurs, vous
et moi ne sommes pas de la même génération. En outre, je suis Avocat militant
et vous, vous êtes ce que vous êtes ; Premier Ministre de la Première
République des nègres. Quelle aubaine, à un moment ou l'institution politique
du pays qui devrait se charger de votre agrément à ce poste, est frappée de
caducité et de dysfonctionnement ; le Parlement haïtien ! Par ce vide institutionnel,
vous arrivez aux timons des affaires sans même que n'ayez respecté les
procédures y relatives. Pardon ! Cette erreur procédurale en droit
constitutionnel n'est pas de votre faute, car, celui qui vous a choisi, nommé
et investi personnellement, sait que l'histoire ne l'aura pas pardonné comme
bien d'autres avant lui ayant préféré cette voie, en lieu et place de celle de
la démocratie.
Monsieur le Premier Ministre,
Depuis votre accession à la tête de la
Primature, vous n'entraînez que de discordance en termes de ‘’mauvais
comportement oratoire’’ et surtout par votre sens de ridiculiser les choses.
Votre capacité de manipulation gauchement vous a servi d'armes de guerre
idéologico-politique avec laquelle vous avez participé à l’affaissement de la Radio
Zénith FM, 102.5, organe représentative des derniers mouvements
"anti-Tètkale". Ainsi, votre visite à monsieur Rony Colin, votre
ancien ami, Magistrat de la Commune de Croix-des-Bouquets, n'était pas sans
conséquences, et c'était un acte planifié au bénéfice du Président de la
République, Son Excellence Monsieur Jovenel MOÏSE, à qui vous semblez avoir
promis que s'il vous choisit comme Premier Ministre, vous lui donnerez la paix
avec la Radio Zénith FM, véritable organe de la transmission des revendications
populaires. C'est vrai que, certains des présentateurs d’émissions de cette
station de Radio, quelquefois dérogent intégralement les principes
déontologiques qui caractérisent le métier du Journaliste, mais des fois s'ils
ne se sacrifiaient pas, le pire se produirait par ce gouvernement dont à
l'heure actuelle vous êtes le représentant numéro un.
Monsieur Jouthe JOSEPH,
Vous prenez la parole à plusieurs reprises
en public ces derniers temps de façon télédiffusée et/ou radiodiffusée, soit
pour expliquer certaines réalités de la vie nationale, soit pour vous attaquer
sans réfléchir à certains faits sociopolitiques pour lesquels vous paraissez ne
disposer d'aucun argument. Par de-là, vous négligez en grande partie les
articles 158 à 165 de la section D de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987
amendée le 09 mai 2011, portant sur des attributions du Premier Ministre.
Peut-être, pensé-je que tel n'est pas de vous, car, je refuse que je condamne
sans juger. Mais, il est du devoir de celui qui vous a nommé de vous rappeler
votre limite selon les prescrits constitutionnels.
Monsieur le Premier Ministre, vous avez
dit notoirement ce que je vais vous rappeler par la présente. Avant tout, ce
n’est pas pour vous exhorter, car, j’ai appris avec Nicolas Machiavel dans son
livre à tendance politique, ‘’Le Prince’’ qu’il ne faut ordonner au Prince quoi
que ce soit, mais de lui proposer des idées. Pour l’histoire et la vérité, je
reprends ‘’in extenso’’ ce que vous avez avancé : " _De *l'or* pour mes
amis, du *plomb* pour nos ennemis et du *bâton* pour des indécis_ ". Donc,
mettant de côté les notions de classe sociale élaborées par Karl Marx, selon
vous, il existe trois catégories de ‘’personnes’’ à Haïti, dont :
1- Vos amis à qui vous serez très généreux ;
2- Vos ennemis et ceux de vos amis pour qui
d’après vous la mort est le seul réconfort ;
3- Les indécis qui par vous recevront des
coups jusqu'à se repentir...
Aussi longtemps qu'il soit, le pays n'a eu
un tel Premier Ministre "Bossale" ne croyant pas aux jeux
démocratiques et prêt à tout faire ou se sacrifier afin d’éliminer tous ceux
qui contraire le voient. Vos amis ne pourront vous redresser comme il est
maintenant question, car, vous leur avez promis de l'or. Ils ont peur de ne pas
en revoir, voilà pourquoi ils vous laissent trainer dans cette voie n'ayant été
jamais tracée pour des personnes de votre marque. Quant à vos ennemis qui sont
également ceux de vos amis, ils pourront vous aider à accomplir votre tâche
ministérielle si et seulement si vous êtes prêt à être débattu. Par leurs
satires politiques, vous pouvez au moins vous faire un nom dans les annales de
l'histoire en acceptant de garder celles qui sont bonnes et de rejeter
professionnellement celles paraissant déraisonnables. Ainsi, vous prié-je de ne
tuer ni vos ennemis ni ceux de vos amis, car, la brutalité en matière politique
a pour objet de ruiner la puissance du tyran. Et pour le peuple, que dis-je ? …
Les indécis ? Pourquoi utilisez-vous le fouet s'ils réclament ce qui leur
revient de droit. Vous leur donnez tous les noms incongrus, tels : les
irrésolus, les imbéciles, les illettrés, les ignorants ; que sais-je encore.
Mais, vous oubliez s’ils sont ce que vous devriez être. Par vos actions
inhumaines, celles de vous et de vos pairs, le peuple reste sans être éduqué et
formé en vous aidant à gagner économiquement et politiquement votre vie au
détriment de la leur.
Monsieur le Premier Ministre,
On ne dirige pas un gouvernement à l'heure
actuelle par la force et la violence langagière. Si tel était le cas, le
Président actuel des États-Unis, Donal Trump, serait un dieu. Monsieur le
Premier Ministre, vos propos quant à ceux qui s'attaqueraient aux éventuels
centres d'accueil des cas de ‘’Coronavirus’’, confirment votre inélégance et
créent ou attirent vers vous beaucoup plus d'ennemis pour lesquels vous n'aurez
pas suffisamment de " *Plomb*". Et ces derniers se risqueront dans
l’avenir de demander votre tête à la Primature.
Monsieur Jouthe JOSEPH,
Votre dernière sortie dans la presse
parlée, écrite et télévisée sur la situation du professeur Nelson Bellamy de
l'Université d'État d'Haïti (UEH), Campus Henri Christophe de Limonade, incite
la colère chez les Maîtres en communication politique et Stratèges en
interprétation de discours. Vous avez insinué sans gêne avoir été informé par
votre service de renseignement que le professeur sus-parlé se serait fait
diagnostiquer pour cause de ‘’Coronavirus’’ au Laboratoire National de Santé
Publique, afin de se visibiliser. Vous avez plus loin encore mentionné qu'à
Haïti, on est prêt à faire n'importe quoi pour être connu de tous, comme quoi,
le professeur de l'Université d'État d'Haïti, doctorant qu'il est, n'a eu
d'autres moyens de se faire connaitre que par l'idée de dire qu'il ressentait
des symptômes du ‘’Coronavirus’’ après être sorti fraîchement des États-Unis
d'Amérique.
Monsieur le Premier Ministre,
Je ne dis pas que je ne vous crois pas par
respect que j'éprouve à l'égard des autorités de mon pays. Mais, j'en doute,
car, le professeur Nelson Bellamy, ‘’doctorant en Ethnologie’’ de son état a
trop de moyens à sa disposition pour se faire connaitre. Ses recherches, ses
études, ses expériences, tout pourrait lui servir d’intermédiaires pour se
visibiliser. Mais, comme le diable voit dans les yeux de sa proie un autre
diable ; voilà pourquoi, vous, monsieur le Premier Ministre, croyez que le
professeur savait déjà qu'il n'avait rien. Et si le professeur avait-il
vraiment cette idée en tête, ne serait-il pas nécessaire de traiter cette
affaire autrement par l’État haïtien ? Monsieur le Premier Ministre, ne
faites-vous pas plus de ‘’buzz’’ par votre comportement comme chef de
gouvernement ?
Monsieur le Premier Ministre,
La présente ne vous est pas destinée par
un collègue, ni par un ami, encore moins un indécis. Mais, un citoyen conscient
et conséquent qui croit que le pays n'est à personne, il est à nous tous. Cette
correspondance fait l'objet d'une contribution patriotique face à la décadence
des institutions républicaines du pays et au mépris des valeurs morales
haïtiennes.
En effet, vous voudriez croire, Son
Excellence Monsieur le Premier Ministre, Jouthe JOSEPH, en la renaissance de la
méritocratie dont fait montre ma génération au dédain de la médiocratie
représentant la règle à Haïti ces derniers temps.
*Delcarme
BOLIVARD, Av.MA*
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