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Nous avons eu toujours le courage de dénoncer les mauvais actes qui se produisent dans la société haïtienne, notamment, au niveau de la politique et de l'administration publique à Haïti. Comme citoyen éclairé et engagé, nous continuons à nous battre contre toutes celles et tous ceux dont la visée première est de coopérer à la descente aux enfers du pays de par leur comportement véreux. Cet engagement entre dans la logique de ne pas comploter sur les dérives de toutes sortes qui paralysent le pays à tout jamais.
Il se constate à Haïti, au cours de ces deux dernières décennies, que toutes les institutions sont dysfonctionnelles par le mode et la pratique de gestion de l’État. La République d'Haïti est intégralement en branle, victime de l'inaptitude des décideurs nationaux qui continuent de se rapetisser sous les impulsions complices de l'international qui s'égaie dans nos malheurs et, par lesquels il s'enrichit en nous plongeant dans une immixtion interminable. Les différentes missions onusiennes à Haïti de 1993 à 2019, dont : la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA : 1993-1996) jusqu’à la Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH 2017 à nos jours) sont aptes à élucider notre approche pour mieux saisir le sens de notre analyse. Par le chaos qui règne dans tout le pays, jouxté d'une tension d'insécurité généralisée, le peuple haïtien n'en peut plus. Et face à la montée grandissante de la pauvreté à Haïti où les ménages évoluent avec moins de deux dollars américains par jour selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l'espoir de vivre est contingent et se profile sur un abattement citoyen.
Parlant des institutions républicaines, retenons le Parlement haïtien vieux de deux siècles (Mirlande H. M : ‘’Entre les normes et les réalités. Le Parlement Haïtien, 1806-2007), mais toujours récent avec les mêmes pratiques, celles d'obéir au principe de l'individualisme au mépris et rejet du collectivisme. Élus pour contrôler les actes de l'Exécutif, légiférer et contribuer au développement des collectivités territoriales selon les dernières recommandations et les vœux du Parlementarisme, certains des parlementaires de chez nous ne font que le contraire. Pour ceux, plus ou moins, qui cherchent à s'écarter du lot, à force de la corruption qui gangrène l'espace, ne bénéficient plus du soutien de la population et se vouent à l'échec dans leurs sales besognes.
Considérant la faiblesse de certains de nos parlementaires, le pouvoir exécutif, comme il infiltre le pouvoir judiciaire par des stratégies gauches, accapare l'esprit de toutes celles-là et de tous ceux-là qui devraient le surveiller et le contrôler par la puissance financière et les privilèges les plus rares. Le cas le plus récent est celui du gouvernement du Parti Haïtien "Tèt Kale" (PHTK) où le statut parlementaire est équivalent au concept médiocratie avec la complicité d'une presse à genoux. Nous pouvons comprendre ceux qui disent que les parlementaires haïtiens ont trop de pouvoirs conférés par la Constitution du 29 mars 1987 amendée le 09 mai 2011(Chapitre II, Du Pouvoir Législatif), en réalité, c'est l'exécutif qui gère tout. La chambre basse l'a démontré le Mardi 18 mars 2019 par le vote de censure du Cabinet ministériel mené tambour battant par le Premier Ministre Jean Henri-Céant pendant sa non-présence. Sur un effectif de 113 Député, 93 ont voté pour 6 contre et 4 ont fait abstention. Alors que la chambre haute s'apprêtait à le recevoir en séance le même jour.
En fait, Jean Michel Lapin, ancien Ministre de la Culture et de la Communication sur le gouvernement MOÏSE/CÉANT, est choisi à nouveau, nommé Premier Ministre en dépit des griefs administratifs évoqués par les quatre (4) Sénateurs de l'opposition et alliés, dont, Nenel CASSY, Evalière BAUPLAN, Rica PIERRE et Antonio CHÉRAMY dit Don Kato. Des Ministres reconduits sont mal vus, dont Me Jean Roudy ALY, Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique accusé de complice dans le dossier de l’élargissement des sept mercenaires internationaux. Trois (3) séances de ratification de l’énoncé de la politique générale du gouvernement nommé, avortées par les quatre (4) Sénateurs susdits. La dernière est, en date du 30 mai 2019, pour certains observateurs un acte de vandalisme. Mais, demandons-nous logiquement, pourquoi ces actes sont perpétrés ? Quelle est leur utilité pour le peuple haïtien en proie de la misère noire qui sévit dans le pays ? Que dire l'exécutif en pareille circonstance? Et la loi ? L'international, n'en est-il pas complice? Toute une série de questions sur l'acte des Sénateurs opposants et alliés doivent être envisagées.
Le contrecoup des quatre Sénateurs de l'opposition et alliés justifie l'incapacité du gouvernement en place à instaurer la paix dans le pays. Il traduit la velléité en herbe d'une minorité parlementaire décidant de faire ce que plus de onze million d'hommes et de femmes dans le pays ne peuvent faire, celui de chambarder le système sociopolitique haïtien, on ne peut plus désuet. Les parlementaires ont osé et défié toutes les dispositifs de sécurité placés aux fins d'organisation de la séance. C'est également la décadence d'une prestigieuse institution républicaine où la voix oratoire et intellectuelle du célèbre Anténor Firmin se fit entendre.
Cependant, il ne faut pas seulement voir la portée négative de l'acte des Sénateurs antagonistes. L'analyse doit être poussée vers l'objectif fixé par ces Sénateurs qui se disent strictement contre le nouveau gouvernement nommé par le fait qu'il y a des femmes et des hommes dont la présence est soupçonnée par rapport à leur comportement malhonnête dans le gouvernement MOÏSE/CÉANT destitué sous les pressions de l'exécutif. Le cumul de portefeuilles ministériels pour certains y compris le défaut de certificat de décharge pour d’autres, soulève en outre, la colère de ces Sénateurs. Il est vrai que les matériels sauvagement brisés par les quatre (4) Sénateurs et alliés font impacts négatifs sur ce que nous sommes comme peuple, sur notre système économique, mais intelligemment, ils ont marqué leur passage tant bien que mal au Parlement haïtien. Quelle remarque !
Le peuple devrait profiter de l'occasion pour tout chambouler sur son passage. L'exécutif, le Parlement, le Judiciaire, tous devraient être sous le contrôle invincible du peuple las de souffrance qui se meut au galop vers d'autres pays à la recherche d’un mieux-être incertain. À un moment où la monnaie nationale, la gourde, ne cesse d'être dépréciée face au dollar américain, les braquages en série, les massacres à répétition dans des quartiers populeux, les grèves ponctués dans presque toutes les institutions publiques du pays, nous nous demandons qu’attende la masse populaire haïtienne pour refaire l'histoire du pays. Mais, quand viendra le jour où l'exécutif cessera son implication volontaire dans les affaires des autres pouvoirs? Des jeunes conscients, formés et préparés doivent se trouver dans l’échiquier politique Haïti pour un nouveau ton. Que tout se fasse en ordre pour aider le pays à sorti de ce bas-fond de la médiocrité et du marasme économique dans lequel il patauge depuis deux cent seize ans.
Retenons que le Parlement n'est point la première institution à être vandalisée et profanée, mais c'est l'avenir de toute une jeunesse qui part dans le fumier de l'histoire.
Et à quand la fin de l'ingérence des trois pouvoirs haïtiens? Si presque toutes les grandes institutions politiques haïtiennes sont en crise, attendons l'explosion des offenses sans précédentes au Palais national.
*Delcarme BOLIVARD, Av MA*
15/06/2019
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