mercredi 1 janvier 2020

*Haïti 2019, le règne des maux haïtiens : 2020, 216 ans d'indépendance*

_Message à la Nation haïtienne à l'occasion de son 216ème printemps d'indépendance_


Après la victoire de l'armée indigène sur celle de Napoléon Bonaparte le 18 novembre 1803 aux Vertières, les grands généraux noirs de l'époque, se sont donné rendez-vous aux Gonaïves pour célébrer l'indépendance nationale, le 01 janvier 1804. Ce fut une nouvelle page d'histoire à travers le monde où un groupe d'esclaves arrivèrent à se libérer des jougs des blancs sans craintes et sans danger. Ce moment si solennel sous les yeux de célèbres observateurs, fut considéré comme une véritable occasion de la matérialisation de grandes théories de diverses écoles juridiques relatives aux droits humains.
Le premier janvier 1804, tout a changé sur l'angle de la libération d'un nouveau peuple. Toute une nouvelle race vint allonger la liste des pays indépendants dans le monde. La carte mondiale s'élargir et la première République des nègres donna le ton au rythme d'une conscience collective dont la visée certaine fut la fondation de l'État haïtien. En effet, un an plus tard, soit en 1805, Dessalines élabora et dota la jeune nation une Constitution à la base de laquelle se dirigea le pays.

La jeune nation fut prospérée sous les ordres autoritaires de Dessalines. Cependant, 216 plus tard, où en sommes-nous? Quels sont les véritables facteurs de la situation actuelle du pays? Pourquoi sommes-nous aujourd'hui la risée de l'international? Quel est le véritable nœud gordien du sous-développement d'Haïti? Pourquoi notre gloire ne s'écrit qu'au passé antérieur? Que faut-il faire pour redresser la barque fragile de l'État haïtien? Autant de questions importantes sont à poser pour mieux comprendre la dimension des problèmes auquel fait face le peuple haïtien.

Pendant ces trente dernières années, la situation sociopolitique d'Haïti se détériore. Beaucoup plus d'insécurités, de misères, de crises politiques et économiques. L'environnement haïtien se dégrade par des constructions anarchiques sous les yeux d'argus des autorités étatiques improvisées. Tout est à l'envers : l'école, la santé, l'Église, les institutions républicaines. Les pouvoirs civils et politiques constitués sont dépourvus de capacité à répondre positivement aux exigences de la population haïtienne. Tout est remis sans même qu'on le sache ou l'admette, entre les mains d'un groupuscule de femmes et d'hommes n'ayant aucun amour patriotique et dont la formation professionnelle ou académique de certains d'entre eux, laisse à désirer.

Le jeu politique dans l'intervalle devient une marchandise aux plus offrants. Les acteurs économiques dominent inconditionnellement l'arène sociopolitique nationale. Ce sont eux qui élisent et révoquent les mandants sous l’impuissance de la population haïtienne victime de l'ignorance et de l'incapacité de déterminer ses ennemis, faute d'éducation. L'argent achète chez nous la conscience citoyenne et nous aveugle face au destin infernal qu'ils nous dessinent et nous offrent comme récompense.

Étant en 2020, nous devons jeter un d'œil sur l'an 2019 dans l'optique de voir où étions-nous et à quoi devons-nous attendre maintenant. C'est la meilleure façon de nous évaluer afin de participer comme cela se doit au développement durable de la République d'Haïti.

L'année 2019 a été émaillée de violence de toutes sortes. Désignée de l'ère de la corruption institutionnalisée à Haïti, l'année 2019 laisse un goût âcre et amer dans la bouche du peuple haïtien. C'est à cette année que l'inefficacité de la Justice haïtienne se faisait beaucoup plus remarquer. C'est à cette année que la Police Nationale d'Haïti s'instrumentalisait et se politisait. C'est à cette année qu'être président, parlementaires, juges sont beaucoup plus insignifiants.

De 01 janvier 2019 jusqu'au 31 décembre 2019, le pays en état d'instabilité, des crises en cascades faisaient peur et laissaient des larmes aux yeux des membres de la population. Pour causes d'insécurité :

-le président de la République le 01 janvier 2019 ne se rendait pas aux Gonaïves.

En voici quelques grands évènements qui ont marqué l’année 2019 à Haïti :

- De vastes mouvements anti-gouvernementaux se déclenchaient à travers tout le territoire national. Les "Pétro-Challengers’’ se mobilisaient autour de la question : "Kot kòb PetwoKaribe? Le pays est en mode "Lock". Des mercenaires étrangers assistés d'un haïtien se débarquaient au pays pour renforcer la PNH sous la demande de l'exécutif. Ces "Snipers", arrêtés et libérés par la justice haïtienne;

- Les mouvements de protestation continuaient pour la plus belle. Entretemps, des révocations en série se faisaient pour la consolidation du pouvoir en place. La première partie de l'audit de la Cours Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif sur l’utilisation du fonds PetroCaribe se publiait, épinglé certains grands dignitaires et fonctionnaires de l'État haïtien, dont le président de la République;

- Le président, sous la haute pression de l'opposition ne se rendait pas à l'Arcahaie. Dans l’intervalle, les contacts continuaient de se multiplier pour doter le pays d'un gouvernement. Le Notaire Henri Céant est destitué par la chambre basse comme premier Ministre. Jean-Michel Lapin lui a succédé, reçu par les députés mais non par le Sénat sous les pressions des pères conscrits de l'opposition. Deux premiers Ministres partagent la primature : Jean-Michel Lapin et Fritz-William Michel. La deuxième partie du rapport de CSC/CA est remis, encore de grandes autorités étatiques y voyaient leurs noms cités;

- La relance de la mobilisation, ce qui empêchait que le président de la République ait pu participer à l'Assemblée Général de l'Organisation des Nations Unies (ONU). L’arrestation du chef de ‘’gang’’ Arnel Joseph et l’éventuelle implication du Sénateur Gracia Delva dans un dossier d’enlèvement;

- Les manifestations anti-gouvernementales sont reprises, s'étendaient jusqu'au mois d'août. Panique totale sur tout le territoire national;

- En septembre, les portes des établissements scolaires sont fermées. La peur envahit l'espace national. Prévue pour le 09 septembre 2019, la reprise des activités scolaires se faisait dans certaines écoles jusqu’au début du mois de décembre, cela très en cachette. La cérémonie de l'ouverture des tribunaux est avortée et s'est donnée en direct à la radio;

- En octobre, le président, sous les pressions populaires, incapable de se diriger à Pont-Rouge pour commémorer l'assassinat lâche de l'empereur Dessalines. Des barricades partout dans le pays. Des pneus enflammés de part et d’autre;

- Le président ne se rendait pas dans le Nord, notamment à Cap-Haïtien aux Vertières pour la célébration de la Bataille de Vertières. L’opposition politique haïtienne prenait d’assaut tout le territoire. Et son porte-parole, maître André Michel, annonce l’installation d’un nouveau président pour remplacer Jovenel Moïse après son départ. Pourtant, rien n’était effectif. Entretemps, l'ex-député de la commune de Cité Soleil dans l'Ouest, Arnel Bélizaire, fut arrêté. L'attaque du président à certains membres de la classe économique du pays, dont : Dimitri Vorbe et Réginald Boulos, défraie la chronique de l’heure;

- Deux diplomates américains foulaient le sol national, c’étaient : une représentante du président américain, Donald Trump à l'ONU, madame Kelly Kraft, débarquait aux fins d'évaluation de la situation chaotique d'Haïti. Un autre envoyé spécial de Trump visitait Haïti, le diplomate David Hale, ce, dans la même perspective;

- Des révocations politiques à outrance se faisaient sentir. L'incapacité de l'opposition à convoquer le peuple pour participer à des manifestations anti-PHTK. De la division au sein de l’opposition pour un manque de confiance. Ce qui a donné une nouvelle chance au président Jovenel Moïse déjà soutenu par l’international, notamment les États-Unis.

En sommes, l'année 2019 a été marquée par des bouleversements sociopolitiques saillants. Des effets négatifs entouraient la vie nationale. En effet, l'exécutif est sans bilan, le parlement est décrié, la Justice est prise en otage. Aucune loi de finances n'est votée tandis que les autorités étatiques continuaient de dépenser à leur intérêt sous les yeux cinglants de certains fonctionnaires de l'État. Inflation galopante, dévalorisation de la devise nationale. Aucune loi électorale, donc, élections avortées, entre autres, sont de significatifs facteurs négatifs démontrant la tragédie qui s'est déroulée en 2019 à Haïti.

Par ces constats aussi fragiles, nous souhaitons que pour cette nouvelle année les citoyens conséquents se responsabilisent en cessant d'être observateurs pour devenir de vrais acteurs au nom du développement durable d'Haïti. Qu'ils s'engagent afin d'empêcher à n'importe qui de briguer des postes de dirigeants dans le pays. Et que l'État haïtien prenne sa responsabilité directe consistant à garantir le mieux-être de la population avec l'appui d'une Justice forte et d'un système éducatif efficace. C'est ainsi qu'on parlera de l'État de Droit à Haïti et de justice sociale au nom de la démocratie.

01/01/2020.

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